En plus du renforcement de ses prérogatives, le boss du RND sera plébiscité, d'entrée, puissant secrétaire général. Les IIes assises du Rassemblement national démocratique qui se tiennent ce week-end, à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, sont loin d'être un simple rendez-vous organique. Loin s'en faut. Ayant purgé sa traversée du désert consécutive à son échec cuisant lors du double scrutin de mai et octobre 2002, le RND a pu tout de même ressortir la tête de l'eau. Les partis n'étant pas forcément maîtres de leur destin politique chez nous, le rassemblement vient de bénéficier d'un concours de circonstances (?) qui le replace aux premières loges. La nomination de son secrétaire général à la tête du gouvernement à la place de Benflis — au-delà du fait qu'elle n'a induit aucune incidence sur la représentation du parti — est quelque part une revanche sur le sort. Le RND, par la grâce de Bouteflika, vient de faire un pied de nez au FLN, en ce sens que le gouvernement majoritairement acquis à ce dernier, doit désormais activer sous les commandes de son premier responsable Ahmed Ouyahia. Et la manière peu cavalière avec laquelle Ali Benflis a été évincé, met, d'ores et déjà, de l'eau dans la bouche des “rndistes” croyant — à tort où à raison — que le vent a peut-être tourné. Du bon côté bien sûr, pour un parti qui n'arrive pas à digérer son incroyable chute. Telle une planche de salut, la nomination de Ahmed Ouyahia est pour eux un prélude à la “reconquista” via un renvoi d'ascenseur à Bouteflika dans sa course à sa propre succession. Voilà le vrai enjeu de ce deuxième congrès du RND qui, assurément, apportera un éclairage sur les probables secousses politiques qui secoueront les partis qui gravitent dans le giron du pouvoir, mais aussi sur la stratégie du président-candidat. Au RND, bien sûr, on tente de reléguer le débat politique au profit d'un simple remodelage organique. Son porte-parole, Miloud Chorfi, le dit tout de go : “Le débat sur la présidentielle ne sera pas à l'ordre du jour, c'est prématuré !” Pas évident, quand on entend un cadre de ce parti dire que “nous serons le premier parti qui soutiendra en 2003 le candidat du consensus de 2004”. Une façon bien subtile de taquiner les responsables du FLN qui, on s'en souvient, avaient fait allégeance à Bouteflika une année avant l'élection de 1999. C'est que les militants du RND ne cachent plus leur souhait de voir leur parti reprendre les rênes du pouvoir, quitte à s'allier avec le chef de l'Etat avec qui ils ne partagent pas forcément les idées. Et plus si affinités… Tout porte donc à croire que le premier point inscrit à l'ordre du jour de ce congrès, à savoir le débat sur la situation générale du pays, donnera lieu à un alignement décisif du rassemblement. S'il est acquis que Ahmed Ouyahia se verra renforcé dans ses prérogatives, comme nous l'a précisé hier Miloud Chorfi, à la faveur de la révision des statuts, certaines sources confient même qu'une motion de soutien à Bouteflika serait votée. Mais avant d'en arriver là, les 1 200 congressistes devraient plébisciter d'entrée Ahmed Ouyahia en tant que puissant secrétaire général, comme cela avait été le cas pour Ali Benflis et la suppression du poste de président promis initialement à… Mohamed Betchine. Des indiscrétions confient que les bureaux de wilayas se sont donné le mot “pour faire comme le FLN”. Au chapitre organique, l'on note la création de nouvelles structures dans le parti pour coordonner le travail au niveau des wilayas. Le congrès devrait adopter le principe d'instituer des fédérations à l'échelle des daïras. Miloud Chorfi écarte, par ailleurs, l'éventualité d'un renforcement de la composante du bureau national du parti. S'agissant des préparatifs, on en est aux ultimes retouches. La tenue, aujourd'hui ou demain, du précongrès de la communauté émigrée devra achever le cycle de huit précongrès régionaux qui ont servi de répétition générale à la “formalité” de ce week-end à l'hôtel El-Aurassi. Plus que jamais, Ouyahia a le vent en poupe. Ayant hérité d'un cadeau inespéré, le poste de chef de l'Exécutif, il se verra offrir, une semaine plus tard, les commandes de son parti sur un plateau. Comme quoi la tornade qui avait failli l'emporter l'année dernière n'a été qu'un nuage d'été. Décidément, Ahmed Ouyahia retombe toujours sur ses pieds. H. M.