Travaillant dans les pires conditions, loin de toute éthique ou laissés en rade à raser les couloirs, ceux qui sont partis ont trouvé leurs comptes. Ils ont prouvé qu'ils ne sont pas médiocres ou incompétents, mais ont dévoilé les tares de l'ENTV, cet outil toujours disponible à se mettre au service des dirigeants du moment. Les pieds à Doha, le cœur à Alger. C'est presque dans cette posture inconfortable que sont venus les journalistes algériens travaillant au Qatar demander au président de la République l'ouverture du champ audiovisuel. Anciens “ouvriers” de l'ENTV qui les a poussés à l'exil où ils ont vite démontré leurs compétences, ces journalistes ont exprimé très haut ce que pense tout bas l'Algérien lambda, la haute personnalité politique et toutes les chaumières du pays branchés malheureusement et à leur corps défendant sur les images d'ailleurs. La première à rejoindre Al-Jazeera, Benguenna qui a remis la lettre au Président a décrit la Télévision algérienne sur le ton d'un cri désespéré : “Elle donne une image médiocre du pays.” Constat accablant mais qui laisse de marbre les centres de décision. Certains gouvernants bien pensants prétextent “l'immaturité” des Algériens pour rajouter un tour de vis à ce champ, laissant ainsi l'Unique distiller des images, dignes clichés caricaturaux. Le ciel regorge d'images qui captivent l'Algérien qui, vite se détourne de sa télévision qui ne lui “parle” plus, adopte et assimile avec boulimie ces modes venues d'ailleurs ; modes qui se rapprochent de ses rêves, de ses désirs. Satisfaction cathodique qui emmène le “scotché” de l'écran jusqu'à la perversion parfois, l'aliénation, pas loin du réflexe pavlovien. L'hystérie des paraboles devait servir de déclic et de sonnette d'alarme, mais aucun responsable n'a osé mettre le doigt sur cette “chasse gardée” qu'il utilise et utilisera comme une chirurgie esthétique pour lui redonner une face acceptable ou plaisante au 20h. Travaillant dans les pires conditions, loin de toute éthique ou laissés en rade à raser les couloirs, ceux qui sont partis ont trouvé leurs comptes. Ils ont prouvé qu'ils ne sont pas médiocres ou incompétents, mais ont dévoilé les tares de l'ENTV, cet outil toujours disponible à se mettre au service des dirigeants du moment. Elle s'est alors vidée de ses hommes, de ses missions, de sa crédibilité à tel point qu'elle est réduite à faire de ses “bricolages” des motifs d'autosatisfaction. La solution, comme déjà préconisée par des prétendants, passe par l'ouverture du champ audiovisuel à la concurrence, le retour à des conditions normales de travail… C'est la revendication portée par les expatriés à Doha qui n'hésiteraient pas à rentrer au pays. Le Président les a écoutés... Fera-t-il bouger les choses, remuer l'ENTV murée dans ses stéréotypes ? D. B.