Retour de politesse ? Sept mois après la visite à Paris du ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, c'est au tour de son homologue française de venir le voir à Alger. Michèle Alliot-Marie est arrivée lundi pour un séjour de 48 heures. Ce déplacement, précise-t-on à Paris, s'inscrit “dans le cadre des relations bilatérales en matière de sécurité et une occasion d'évoquer le renforcement de la coopération bilatérale, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et contre la criminalité organisée”. Lorsque M. Zerhouni arrivait à Paris, il s'agissait alors de préparer la visite d'Etat du président Sarkozy, effectuée en décembre. Il y avait un ballet qui avait fait aussi danser Temmar, Khelil et Medelci. L'heure était à la célébration d'un nouveau départ avec comme perspective une fusion entre Sonatrach, Gaz de France et une union de la Méditerranée prospère. En quelques mois, tout a pourtant changé. Sonatrach a refusé le marché proposé alors que l'Union européenne, l'Allemagne en tête, a rétorqué le projet phare de M. Sarkozy. Entre-temps, le président français s'est rendu au royaume enchanté du Maroc où le souverain n'a pas besoin d'autre couronne. Là, il s'est rallié à la cause marocaine dans ce qui l'oppose à l'Algérie et l'“ami” Bouteflika ne semble pas avoir apprécié même si le business continue. La visite de Mme Alliot-Marie a l'air de précéder celle du Premier ministre François Fillon. Une visite à Alger est inscrite sur son calendrier, mais la date n'en a pas encore été annoncée. Comme s'il s'agissait de faire preuve de prudence. Quand M. Zerhouni était arrivé à Paris en octobre, la “confiance” avait été le maître-mot ayant dominé ses propos et ceux de son homologue. Son voyage intervenait dans un contexte sécuritaire particulier : un employé d'ADP et des familles de cadres de Michelin venaient d'être rapatriés à la suite de menaces terroristes et un kamikaze s'était fait exploser contre le véhicule de deux coopérants qui ont été blessés et rapatriés également. Mme Alliot-Marie avait exprimé les “remerciements” et la “reconnaissance” de la France pour l'action des six gendarmes algériens qui ont permis de sauver les deux ressortissants. Au menu des discussions, il y avait la coopération dans le domaine du renseignement, de la sécurité civile, de la protection des frontières et la lutte commune contre tout ce qui peut être source d'insécurité. M. Zerhouni avait parlé d'un échange de points de vue “sur les points sensibles qui nous concernent tous”. Et de constater que les analyses “étaient très proches, notamment en ce qui concerne le risque sécuritaire sur nos deux pays et la région d'une manière générale”. Sa conclusion était optimiste. “Si nous sommes parvenus à créer la confiance dans les domaines aussi sensibles que ceux de la sécurité, il est évident que dans les autres domaines, elle devrait être beaucoup plus aisée et beaucoup plus ample”. C'est vrai que dans le domaine de la sécurité, la coopération entre les deux pays ne peut pas être démentie. Les échanges d'informations ont à plusieurs reprises permis d'éviter des actions terroristes sur les territoires des deux pays. De Paris Yacine kenzy