“Je ne suis pas satisfait et je ne suis pas content. C'est un état de fait déplorable”, a lancé, hier à Oran, Rachid Harraoubia, lors de la visite sur le site du futur pôle universitaire à Bir El-Djir. En compagnie de Noureddine Moussa, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a laissé éclater sa colère devant les infrastructures mal conçues et mal façonnées. Les chefs d'entreprise de construction et des bureaux d'études impliqués dans la réalisation du pôle universitaire n'ont pas été épargnés par les deux ministres. Celui de l'Habitat et de l'Urbanisme ne manquera d'ailleurs pas de mettre en évidence le caractère de “bricolage” et d'inesthétique qu'offrent ces bâtisses à l'aspect impersonnel. Les bibliothèques comme les amphithéâtres seront longuement inspectés par les deux hauts responsables. Globalement, le constat est de “nature à nuire à l'image même de l'université algérienne”, ont-ils affirmé. Les explications fournies sur place par les responsables du projet en question n'ont pas convaincu les deux ministres. D'une capacité d'accueil de 27 000 places pédagogiques et de 28 000 lits, le futur pôle universitaire devrait être livré à la fin de l'année 2009. Dotée d'une enveloppe financière de plus de 20 milliards de DA, cette superstructure ne semble pas dégager les aspects qui siéent à une “université reflétant la civilisation de note pays dans un cadre esthétique et architectural”, soulignera M. Harraoubia, visiblement exaspéré. Il pointera un doigt accusateur vers les bureaux d'études responsables, selon lui, de l'état inesthétique et dégradant des réalisations infrastructurelles en cours. En guise d'avertissement, M. Harraoubia a franchement annoncé la volonté de son ministère de “sévir” allant jusqu'à la résiliation des contrats avec les bureaux d'études qui ne remplissent pas les conditions contenues dans le cahiers des charges. “J'ai l'impression d'être dans un lycée”, affirme le ministre de l'Habitat et de l'urbanisme. “Ce n'est même pas un lycée”, renchérit le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Sur le site en chantier, des difformités et des malfaçons attirent l'attention des ministres. Les responsables du projet en prendront pour leur grade. “Il n'y a pas de mauvaise entreprise mais il y a un mauvais suivi”, fera remarquer M. Harraoubia à un chef de bureau d'études. Pour sa part, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme n'est pas allé avec le dos de la cuillère avec les bureaux d'études “virtuels” qui ne répondent pas aux normes des cahiers des charges. Dans ce contexte, Noureddine Moussa a annoncé le passage à l'APN d'un projet de loi qui débattra sur la maîtrise d'œuvre des bureaux d'études. La mise en place d'un croisement de lois devra permettre de mieux cerner la sempiternelle question du jury local en charge de sélectionner les bureaux d'études. Le pôle universitaire qui sera implanté sur plus de 180 hectares comprendra 7 facultés et 15 cités universitaires d'une capacités d'accueil de 28 000 lits. À la prochaine rentrée universitaire, 6 000 places pédagogiques et 5 000 lits seront disponibles pour accueillir une partie des nouveaux bacheliers. K. REGUIEG-YSSAAD