Dans l'impossibilité d'agir directement au Liban, faute de moyens de pression sur la Syrie ou l'Iran, les principaux soutiens du Hezbollah, les Etats-Unis se limitent à des actions diplomatiques concertées avec leurs alliés dans la région. L'Arabie saoudite, l'Egypte, la Ligue arabe et l'ONU constituent les relais auxquels a recours Washington pour tenter de faire pression sur Damas et Téhéran afin qu'ils cessent de “soutenir le Hezbollah et ses menées déstabilisatrices au Liban”. Ainsi, les Etats-Unis reconnaissent que leurs appels en direction de la Syrie et de l'Iran ont peu de chance d'aboutir. C'est l'aveu fait à la presse par le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, lequel a affirmé : “Nous n'avons pas autant d'influence que d'autres sur ces Etats.” Avant d'ajouter : “Souvent, la diplomatie se fait par télécommande.” La même source a indiqué que la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a téléphoné vendredi au chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, au ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, “pour parler de la situation actuelle et de ce que le système international pourrait faire pour soutenir ce gouvernement libanais”. Sean McCormack a également déclaré que Rice a en outre évoqué la situation au Liban avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qu'elle a reçu jeudi au département d'Etat. Partant de là, l'Arabie saoudite et l'Egypte, inquiètes des possibles répercussions régionales d'un conflit entre un mouvement d'opposition chiite et un gouvernement sunnite, ont demandé la tenue d'urgence d'une réunion ministérielle de la Ligue arabe pour tenter de mettre un terme à la situation explosive à Beyrouth. L'administration Bush espère que les ministres arabes “vont trouver des moyens tangibles d'exprimer leur déplaisir”. Depuis la guerre d'Israël contre le Hezbollah ayant ravagé le Liban en 2006, un conflit qu'elle avait soutenu, Mme Rice n'a plus jamais remis les pieds au Liban où son impopularité desservirait le gouvernement de Fouad Siniora. Publiquement, les Etats-Unis se contentent de réaffirmer leur soutien “indéfectible” au Premier ministre libanais. Sur ce point, McCormack a bien expliqué que ce soutien serait “politique et diplomatique”, excluant pour l'instant un soutien militaire, comme cela avait été le cas l'an dernier, lorsque des combats ont opposé pendant plus de trois mois l'armée libanaise au mouvement islamiste du Fatah al-Islam dans le camp de Nahr al-Bared, faisant plus de 400 morts, dont 168 soldats libanais. Néanmoins, Washington a dit sa volonté de voir le Hezbollah “rendre des comptes” sur les récentes violences au Liban. Sans plus de précisions, sur ce qu'il entendait par là, il a paru laisser planer la possibilité d'un recours au Conseil de sécurité de l'ONU. “Les relations du Hezbollah avec l'Iran et la Syrie, ainsi que son passé d'activités terroristes internationales, de soutien meurtrier et d'entraînement des groupes extrémistes basés en Irak démontrent la menace qu'il (le Hezbollah) représente pour la paix et la sécurité internationales”, a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe. Dans cette optique, “les Etats-Unis consultent actuellement d'autres gouvernements dans la région ainsi que le Conseil de sécurité de l'ONU sur des mesures qui doivent être prises pour que ceux qui sont responsables des violences à Beyrouth rendent des comptes”, a-t-il indiqué dans un communiqué. K. ABDELKAMEL/Agences