Toutes les tendances plaident pour une majoration du hadj et de la omra, d'au moins 20%, par rapport aux prix des dernières campagnes. Selon plusieurs agents de voyages habitués à la gestion de ces deux produits religieux, au moins trois facteurs vont pousser les prix du hadj et de la omra à la hausse. L'arrêt des prix définitifs ne pourra se faire que lorsque les opérateurs algériens auront signé les contrats définitifs avec leurs partenaires saoudiens, notamment pour les volets hébergement et transport. Il ne restera alors que le volet billetterie aérienne qui, lui, reste dépendant des fluctuations de la monnaie et des surtaxes des hydrocarbures. Le premier facteur est donc l'aérien. Toute augmentation est jugée significative du fait qu'elle représente près de 70% du coût global de la prestation. Pour un forfait de 98 000 dinars, si on se réfère à la moyenne du tarif omra Mawlid 2008, le billet a coûté près de 60 000 dinars contre 38 000 dinars pour le reste des prestations. Ainsi, une hausse de 10% sur le transport aérien est davantage ressentie qu'une augmentation de 20% sur l'hébergement. Les tarifs de la compagnie aérienne connaissent, à la veille de chaque campagne, une majoration pour rattraper la courbe des frais d'exploitation toujours en hausse pour des raisons internes et externes à la société. Il n'est pas exclu que cette pratique soit reconduite cette année, d'autant plus que la conjugaison de la hausse du prix du pétrole et la chute du dollar ne peut que se répercuter sur la maîtrise de certains coûts d'intrants chez le pavillon national. Le second est le nouvel aménagement d'une partie de La Mecque, lancé il y a quelques mois par le royaume dans le cadre d'une nouvelle configuration du harem. En effet l'Arabie Saoudite, pour faire face à la forte demande prévisionnelle attendue sur les 6 prochaines années, est en train de multiplier par 3 ses capacités d'accueil dans les Lieux saints. La Mecque est la plus touchée à cause de son relief devenu un véritable frein à l'expansion de la première destination des populations musulmanes. Dès 2009, la campagne omra coïncidera avec les vacances d'été, ce qui se traduira par une très forte demande sur le produit, une aubaine que les décideurs économiques du royaume veulent rentabiliser. Les voyagistes algériens ainsi que la délégation de l'office nouvellement créé ont pu vérifier, sur le terrain et lors de leur dernier séjour en Arabie Saoudite, le grand déficit en lits qui va caractériser le marché omra et hadj cette année. Un déficit qui a déjà conduit à des tendances spéculatives sur les prix des “alitements” (lits cédés aux voyagistes sous certaines conditions). Les tarifs ont augmenté de 30 à 40%. Derrière ce phénomène, on retrouve donc la démolition d'un nombre important d'hôtels et de pensions, notamment le long du quartier El-Ghaza tout près du harem. Le troisième facteur est lié à la chute du dollar auquel correspond une envolée de l'euro par rapport au dinar algérien. Du coup, les opérateurs algériens voient leur pouvoir de paiement extérieur chuter. De leur côté, les opérateurs de l'Arabie Saoudite sont victimes de la chute de la cotation du billet vert, ce qui diminue leurs marges de manœuvre. Ces deux agrégats financiers et monétaires sont directement répercutés, par les deux parties, sur la facture finale de la prestation. La coïncidence de la campagne omra avec la saison estivale, donc la haute saison, pour les affréteurs traditionnels d'aéronefs à la compagnie Air Algérie, va pousser les pouvoirs publics à se préparer à une éventuelle pénurie en sièges que seule une gestion prévisionnelle adaptée pourra éviter. Déjà, l'année passée, Air Algérie et agents de voyages furent confrontés à un véritable problème de déficits en sièges, obligeant les pouvoirs publics à accorder des dérogations de dernière minute. Le même problème a été signalé lors de la dernière campagne du Mawlid poussant Air Algérie à programmer des vols au fur et à mesure de la disponibilité du couple appareil-personnel navigant. Le recours à une gestion à court terme, comme aux dérogations de dernière minute, est généralement préjudiciable aussi bien aux opérateurs économiques qu'aux consommateurs du produit hadj-omra. Il est certain que les responsables du pavillon Algérie sont capables de gérer ce phénomène conjoncturel, indépendant de leur volonté, mais qui se répercute sensiblement sur la gestion interne de la boîte. Un défi que le pavillon national est à même de relever comme à son habitude d'autant que la nouvelle équipe dirigeante a eu le temps de procéder au chek list usuel. Avec la création récente de l'office omra, les pouvoirs publics viennent de prendre conscience du plus important produit touristique algérien, soit le couple hadj-omra. Bien qu'elle soit un “out going” et non un “in coming”, cette activité est au cœur du métier d'agent de voyages et de voyagistes en Algérie. Toutefois, il est prématuré de se prononcer sur les chances de réussite de cet office du moment qu'il n'a pas été confronté en tant que structure et philosophie aux réalités du terrain. “S'il s'agit de provoquer une rupture avec les anciennes méthodes de gestion et même d'approche du produit hadj-omra, on peut prévoir des améliorations, s'il ne s'agit que de transfert de prérogatives d'une institution vers une autre, il faut s'attendre à la reconduction des mêmes problèmes”, explique un voyagiste. Mourad Kezzar