À l'occasion de la Journée mondiale de la société de l'information, le commandement de la Gendarmerie nationale a organisé hier, un colloque international sous le thème : “La sécurité des systèmes d'information au service de la sécurité publique”. En effet, la cybercriminalité est une des dérives induites par la démocratisation de cette technologie, et c'est son caractère virtuel qui rend la tâche des enquêteurs et des services de sécurité encore plus difficile. Malgré la récente introduction de l'Internet en Algérie, le pays n'a pas fait exception dans l'émergence de cette nouvelle forme de criminalité, et c'est dans le but de mieux se prémunir contre ces dérives qu'il est nécessaire de partager avec des pays développés leur expérience en matière de lutte contre la cybercriminalité. À cet effet, des spécialistes internationaux ont été conviés à ce colloque à l'instar de M. Olivier Ribaux, professeur d'analyse criminelle à l'Ecole des sciences criminelles de l'université de Lausanne, M. Marc Cools, docteur en sciences criminologiques et de M. Benoît Dupont, professeur agrégé de criminologie, directeur par intérim du Centre international de criminologie comparée et titulaire de la chaire de recherche du Canada en sécurité, identité et technologie qui ont, chacun à son tour, fait part des expériences de leurs pays respectifs dans le domaine de la lutte contre la cybercriminalité sous toutes ses formes. Par exemple, le professeur Cools nous apprendra qu'en Belgique, lorsqu'il s'agit de corruption ou de pédophilie, deux crimes qui y sont très répandus, la législation ne prévoit plus de présomption d'innocence. M. Maxime Feroul, consultant sécurité auprès de Hacknet a, quant à lui, évoqué de manière concrète les moyens de protection contre les “hackers”, les pirates du Net. Il s'agit de programmes informatiques qui jouent le rôle d'appât pour les hackers et que l'on appelle les “honeypots” ou pots de miel. Ils permettent de piéger les pirates en les appâtant, mais surtout de les pirater à leur tour pour tenter de récupérer les informations qu'ils avaient subtilisées. Plus puissant encore, il existe des honeypots à forte interaction qu'on appelle le honeynet. Ces deux procédés, qui entrent dans le cadre de la lutte passive contre la cybercriminalité, peuvent relever certaines questions notamment celles concernant les aspects légaux à savoir si les preuves collectées sont recevables ou encore si ces procédés ne sont pas une sorte d'incitation au piratage. Pour finir, le lieutenant colonel Djamel Benerdjem a évoqué les aspects liés à la repression de la cybercriminalité en Algérie. “Les bases légales, servant à la répression de la cybercriminalité et ses nouvelles formes de délinquances, existent déjà depuis 2004 après l'instauration de la loi 04-15 du 10 novembre 2004, qui concerne le traitement automatisé des données”, a-t-il déclaré avant d'ajouter que “la loi n°04-15 répartit les crimes informatiques et les crimes portant atteinte au réseau informatique sur quatre catégories à savoir : les crimes portant atteinte à la confidentialité, l'intégrité et la sécurité des données du système, la fraude informatique et atteinte aux données, les crimes relatifs à la recherche, la collecte, la détention, la diffusion et le commerce des données, les crimes portant atteinte aux droits d'auteur et les droits voisins”. Par ailleurs, il précisera que la nature multidisciplinaire et transnationale de la cybercriminalité nécessite impérativement une coopération illimitée et une entraide la plus large possible au niveau international, pour une lutte efficace contre ce fléau. Amina Hadjiat