Fenêtres brisées, locaux incendiés, archives et documents détruits... sont les images qu'offrait la cité universitaire de l'université Cadi-Ayyad de Marrakech, à la suite des émeutes du 14 mai dernier, qui ont fait des dizaines de blessés du côté des étudiants et celui des forces de l'ordre. Les événements ont éclaté lorsque des étudiants ont appelé à une marche vers le rectorat de l'université de Marrakech pour soumettre des revendications, demandant entre autres la revalorisation de la bourse d'étudiant à 1 500 dirhams par mois, la gratuité des repas et du transport pour certaines catégories d'étudiants, la suppression de la note éliminatoire, la suppression de la présence obligatoire, le respect de la liberté syndicale. Une autre frange d'étudiants de la région du Sud a participé à ce mouvement pour exiger le renvoi pur et simple du doyen de la faculté de droit. L'intervention des forces de sécurité pour arrêter cette marche a provoqué des violences incontrôlables. Les affrontements ont duré plusieurs heures, selon la presse marocaine, qui a rapporté les événements douloureux, quelques jours plus tard. Au lendemain de ces violences, la cité universitaire de Marrakech était pratiquement dans un état de ruines, si l'on se fie aux images faisant état de fenêtres brisées, de locaux incendiés, d'archives et documents détruits. Dans une conférence de presse au lendemain de ces violences, Ahmed Merzak, le président de l'université Cadi-Ayyad, s'est déclaré disposé à satisfaire immédiatement les doléances que la présidence est en mesure de concrétiser. Il a cependant reconnu qu'effectivement le coût de la vie pour les étudiants, qui ne bénéficient pas de logement dans la cité universitaire, pose un sérieux problème que le manque de moyens de l'université ne permet pas de résoudre. Le président de l'université a également admis que la situation de la cité universitaire exige des mesures rapides dans un proche avenir, appelant le conseil communal de Marrakech à se pencher sur la question et à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour construire une nouvelle cité. Par ailleurs, il a montré aux journalistes des photos montrant des armes blanches, des cocktails Molotov et des bonbonnes de gaz utilisées par les étudiants lors de leurs affrontements avec les forces de l'ordre, expliquant que cet arsenal plante le décor d'une situation sinistre qui menace la vie des étudiants, des administratifs et des professeurs qui vivent déjà dans une peur bleue. Il y a lieu de signaler que le procureur général du roi près la cour d'appel de Marrakech a démenti les informations rapportées samedi par certains journaux, selon lesquelles un étudiant aurait été tué suite aux incidents qui ont eu lieu dans l'enceinte de la cité universitaire de la ville. Selon d'autres sources, une quarantaine d'étudiants ont été arrêtés et certains torturés dans le commissariat de police le 15 mai, en plus de 300 arrestations opérées le jour des affrontements, dont un grand nombre d'étudiants sahraouis. K. ABDELKAMEL