L'Emir Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien moderne, a été à l'origine de la naissance et des droits humains internationaux, en 1843. L'Emir Abdelkader, qui a promulgué en 1843 un décret national fixant les droits des prisonniers de guerre, préfigurant ainsi dans la convention de Genève en 1864, s'est distingué également par des positions historiques honorables et des contributions au rapprochement des peuples, des religions et des civilisations. Ces vérités ont été affirmées hier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans une lettre adressée aux participants du colloque international dédié à l'Emir Abdelkader organisé par le Conseil de la nation, sous le thème l'«Emir Abdelkader et les droits de l'Homme, vision d'hier et d'aujourd'hui». S'adressant aux participants à ce séminaire, le président Bouteflika a indiqué que, par leurs travaux, ils apporteront «un témoignage précieux» à l'action de l'Emir en faveur des droits de l'Homme dans son pays et alors qu'il se trouvait en exil forcé. «Il y a deux siècles naissait donc sur cette terre d'Algérie un homme qui a eu plusieurs vies», écrit le chef de l'Etat, rappelant que l'Emir a été «guerrier et homme politique, bâtisseur d'Etat mais aussi poète et philosophe, écrivain et penseur». «Tous ces parcours croisés, toutes ces haltes comme il l'écrit lui-même vont faire de l'Emir Abdelkader un sage au sens antique du terme. C'est-à-dire un homme pour lequel la tolérance apparaît comme la mère de toutes les vertus», a souligné le président Bouteflika. Le fondateur de l'Etat moderne algérien avait animé «une longue et héroïque lutte contre l'invasion française de l'Algérie», rappelle le chef de l'Etat, précisant que «c'est dans ces deux rôles d'homme politique avisé et d'homme de guerre valeureux que l'Emir est surtout connu aussi bien en Algérie qu'à travers le monde». Ce colloque, organisé par le Conseil de la nation, a vu la participation de la Fondation Emir Abdelkader et de nombreuses personnalités et chercheurs en histoire nationaux et étrangers. Nous citons, entre autres, Soheib Bencheikh et l'ancien ministre français Pierre Joxe. L'historien algérien et actuel président du Conseil constitutionnel, Boualem Bessaïeh, a rappelé en ce sens que l'Emir Abdelkader a été le précurseur des droits humains, à travers son engagement pour sauver 12 000 chrétiens à Damas en juillet 1860. Il a estimé, dans ce contexte, que «lors des violences contre la minorité chrétienne à Damas en 1860 […], l'Emir a eu une vision politique d'une lucidité et d'une prémonition remarquables», en relevant que l'acte «héroïque» de l'Emir avait épargné à l'humanité une «nouvelle série de croisades et au Moyen-Orient de sombrer dans une cascade de violences sans fin». Selon lui, l'Emir a su gérer la foule «compacte» venue jusqu'aux abords de son domicile réclamant de lui livrer les chrétiens qui se sont réfugiés auprès de lui. Et ce, avant de relever la réaction d'admiration suscitée par cet exploit qui lui a valu plusieurs décorations faites par la Russie qui lui envoya la grande croix de l'Aigle blanc, la France le cordon de la Légion d'honneur, la Prusse la grande croix de l'Aigle noir (…). Dans sa modestie naturelle, confortée par la probité intellectuelle et l'humanité religieuse, Abdelkader reçoit ce magnifique bouquet de remerciements comme un hommage rendu à un enfant de l'Algérie musulmane et plus un hommage rendu à l'islam, perçu sous son vrai jour (…), conclut le docteur Bessaïeh. Il a été relayé par d'autres communications, données par Idriss Djazairi, représentant de l'Algérie auprès des Nations unies à Genève, Maksoud Clovis, directeur du «Global South Center» à Washington, qui ont développé des idées liées au thème des droits de l'Homme, qui sera suivi de celui du dialogue des civilisations et des cultures. A. R.