Constatant l'impasse à laquelle ont abouti les tentatives de libération des otages détenus par Al-Qaïda au Maghreb, la ministre autrichienne des Affaires étrangères s'est rendue discrètement dans la région, notamment à Alger, afin d'obtenir l'aide des autorités algériennes pour dénouer cette affaire en suspens depuis mars dernier. Après l'avoir démentie dans un premier temps, la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, a confirmé, mardi soir, avoir effectué “ces derniers jours” une visite à Alger et Bamako dans l'espoir d'arracher plus d'aide, particulièrement de l'Algérie, afin de parvenir à la libération de ses deux otages, Wolfgang Ebner, 51 ans, et sa compagne Andrea Kloiber, 44 ans, qui ont disparu le 22 février 2008, alors qu'ils se trouvaient dans le sud de la Tunisie. Leur enlèvement a été revendiqué le 10 mars par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, laquelle avait initialement exigé, en échange de leur libération, l'élargissement d'islamistes détenus en Algérie et en Tunisie et par la suite, une rançon de 5 millions d'euros. Les négociations menées depuis cette date avec les ravisseurs par le biais de nombreux intermédiaires, dont la fondation Kadhafi, qui a, plus tard, nié sa participation, n'ont apparemment abouti à rien de concret. Face à ces échecs répétés, Vienne se tourne vers l'Algérie, comme l'indique cette visite secrète de la chef de la diplomatie autrichienne chez nous. “Dans le cadre de nos efforts pour garantir un retour en toute sécurité et dans de bonnes conditions d'Andrea Kloiber et Wolfgang Ebner, j'avais planifié de longue date un éventuel voyage dans la région”, a reconnu Ursula Plassnik dans un communiqué de son département, dans lequel elle affirme : “J'ai maintenant effectué ce voyage. Je suis allée à Bamako et à Alger.” La ministre autrichienne a rendu public le but de son séjour dans les capitales algérienne et malienne en déclarant : “Le but de ma visite visait, par le biais d'entretiens personnels au plus haut niveau possible, à souligner l'importance de cette affaire pour l'Autriche et à obtenir l'appui de nos partenaires.” Elle semble avoir réussi à s'assurer le soutien de ses interlocuteurs, lesquels, affirme-t-elle, “m'ont fait part de leur souhait de voir un retour rapide et en toute sécurité en Autriche d'Andrea Kloiber et de Wolfgang Ebner”. Pourtant, la veille, Peter Launsky-Tieffenthal, un porte-parole du ministère autrichien des Affaires étrangères, avait assuré que “la visite n'avait pas eu lieu”, en indiquant que “Mme Plassnik avait un programme privé dimanche et lundi. Elle n'était pas en Afrique”. Cette visite est également confirmée par un diplomate malien, qui a révélé : “Elle est arrivée dimanche soir et elle est repartie à bord d'un avion spécial ce lundi.” Selon la même source, la ministre autrichienne s'est rendue à Bamako “dans le cadre de l'affaire des otages autrichiens”, et “a eu un entretien avec le président Amadou Toumani Touré au palais présidentiel”. À en croire ce diplomate : “Elle est venue remercier les autorités maliennes pour tout ce qu'elles font dans le cadre de la libération des deux otages autrichiens.” Une autre source proche du dossier des négociations a affirmé : “Ce que je peux vous dire, c'est que les choses avancent”, corroborant les déclarations faites le 24 mai dernier par le chef des négociateurs autrichiens, Anton Prohaska, qui avait affirmé : “On progresse lentement mais sûrement. Nous sommes confiants.” Il n'en demeure pas moins que les résultats n'ont pas suivi, d'où cette demande d'aide introduite auprès de l'Algérie pour régler rapidement cette affaire de kidnapping, qui n'a que trop duré. K. ABDELKAMEL