Après avoir germé plus de deux décennies dans la mémoire collective constantinoise, soit l'espace d'une génération, le projet du téléphérique est devenu, aujourd'hui même, une réalité. Confié à deux constructeurs mondiaux, l'un français, l'autre helvético-autrichien, le téléphérique de Constantine entrera en opération ce jeudi. Le premier essai technique, lui, a eu lieu le 27 décembre dernier au même moment où les 33 cabines d'une capacité de 15 places chacune, ont été réceptionnées. L'ouvrage tant attendu relie la place Tatache à la place Tannoudji, via une station intermédiaire à hauteur du CHU, autrement dit, de la vieille ville aux hauteurs de la cité Emir-Abdelkader, véritable poumon du secteur ouest. La ligne Tatache, La Casbah-CHU est longue de 425 mètres linéaires, celle de CHU-Tannoudji est de 1 091 mètres. Du coup, l'ouvrage s'étend sur 1 516 mètres linéaires. Ce nouveau moyen de transport offre une importante capacité de fréquentation. Les 35 cabines permettent à 2 400 passagers/heure de se déplacer, au grand bonheur des 100 000 habitants du secteur nord de la ville. Si ce mégaprojet de la ville des Ponts est aujourd'hui livré, il ne faut pas oublier les obstacles que les bâtisseurs de la cité ont dû surmonter. Il s'agit, en premier, de la nature rocheuse du sol. Un obstacle qui a nécessité le recours à de gros moyens. En second, il y a certaines erreurs d'appréciation commises lors des étapes préalables au lancement des travaux. Les études géotechniques et topographiques effectuées en 2006 ont sous-estimé certains détails qui ont causé des difficultés par la suite. L'entreprise en charge de la réalisation a même procédé à la consolidation du mur de soutènement du parking du Centre hospitalo- universitaire avant l'entrée en service de l'ouvrage. Mais, offrir à Cirta un outil de transport adapté au relief de la cité et doter le secteur du tourisme d'un plus, cela vaut les sacrifices de tout un chacun. Si pour le wali, Abdelmalek Boudiaf, “le projet du téléphérique reste décisif pour Constantine”, le directeur des transports y voit “un investissement adapté au relief topographique de la ville”. En s'investissant dans le projet, le wali cherchait à anticiper une véritable crise liée à la circulation automobile devenue de plus en plus dense au niveau du centre-ville. Hier encore, avant l'inauguration du téléphérique, le risque de paralysie dans les prochaines années était présent. Avec l'entrée de cet équipement en exploitation, les choses commenceront à se normaliser. Il faut bien un certain temps pour que les usagers des moyens de transport s'adaptent à la nouvelle donne. D'autres projets consacreront définitivement le salut… de la cité. Cet ambitieux projet, selon le même responsable, permettra de désengorger la ville du Vieux Rocher qui devrait également bénéficier d'un autre investissement, celui du tramway dont le coup d'envoi des travaux sera donné dans les prochains jours, lors d'une attendue visite du président de la République. Reste à espérer que le lancement de l'exploitation du téléphérique, en ce jour de célébration de la Journée mondiale de l'environnement, ne soit pas un hasard mais traduise une politique de développement durable qui préservera la nature, tout en répondant aux besoins des populations et de l'économie. Akila Benabdessalem