Salah fait partie de la cuvée 2003 de la faculté de droit de Ben Aknoun. Son ambition était d'ouvrir son propre cabinet, une fois les deux années obligatoires de capacité dûment accomplies. “J'ai passé cette étape sans problème. Je me suis inscrit au concours de magistère, sans espoir de le réussir. Je savais pertinemment que la liste est préparée avant l'examen.” Ne parvenant pas à trouver des fonds pour s'établir à son propre compte, il a postulé à plusieurs candidatures de recrutement au ministère de la Justice et a frappé à une multitude de portes de cabinets d'avocats. Aucune ne s'est ouverte pour lui. “J'ai tenu bon pendant deux ans car je voulais vraiment avoir une carrière de juriste. Je me suis suffi de l'argent de poche que me donnait ma mère de temps à autre.” Souvent, sans un dinar en poche, il ne quittait pas la maison. “Je ne supportais pas que des copains me payent un café, moi le seul diplômé du groupe. Je me disputais aussi avec ma copine, pour éviter les sorties, qui ont un coût.” À bout de force et de fierté, il consent à travailler en qualité d'agent de sécurité pour un salaire de 12 000 DA. “À mon premier jour de boulot, ma mère a pleuré. Elle ne supportait pas de me voir mettre au fond de l'armoire ma toge d'avocat.” Salah qualifie les dispositifs de l'Etat inhérents à l'emploi de chimère. “J'ai déposé un dossier à l'Anem, un autre au CPE. Je n'ai jamais reçu de réponse. El piston fi koulech” (le piston est partout, ndlr), regrette-t-il. Finalement, c'est bien grâce à des connaissances qu'il trouve un emploi mieux adapté à son profil. “Je suis commercial chez un concessionnaire automobile. Je touche 21 000 DA net. Ce n'est pas beaucoup, mais ma fonction est valorisante. C'est bon pour mon CV”, conclut notre témoin dans un sourire. S. H.