Deux études ont été lancées par le département de la ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, Nouara Saâdia Djaâfar : l'une relative à “l'intégration socioéconomique de la femme algérienne” et l'autre à “la réalité de la famille algérienne”. Hier, lors de l'ouverture du colloque national consacré à la famille et à l'éducation, qui se tient à l'hôtel El-Aurassi et qui s'achève aujourd'hui, Mme Djaâfar s'est notamment référée à la première étude, qui a concerné un échantillon de 4 436 femmes vivant en ville et à la campagne. Selon la ministre, la famille est formée essentiellement de la frange des jeunes, dont 62% sont âgés de moins de 35 ans. Elle a également indiqué que l'enquête signale que 54,5% des femmes (interrogées) prennent part aux “décisions importantes” au sein de la famille. Ce qui dénote, à son avis, une élévation de la prise de conscience des familles. L'intervenante a, en outre, fait remarquer que, parmi les autres résultats, l'étude montre “un taux de divorce élevé”. Pour ce qui est de la seconde recherche, qui a duré trois ans, elle a porté sur un échantillon de 754 familles résidant seulement dans l'Algérois. Cette étude, qui vient juste d'être imprimée, dévoile que dans le domaine de l'éducation des enfants, l'influence sur ces derniers est plurielle et englobe particulièrement “les parents” (50,66%), “l'environnement extérieur” (27,71%), “la télévision” (12,99%), “la famille élargie” (11,93%) et “les amis” (7,82%). Quant à l'influence négative sur l'éducation des enfants, elle vient surtout de “la rue” (85,54%), “la télévision” (37,53%), “les espaces de jeux” (35,54%), “l'Internet” (20,55%) et “les stades” (14,58%). Sur le registre des difficultés rencontrées par les parents dans leur mission éducative, les auteurs de l'étude (réalisée sous forme d'ouvrage de 311 pages) expliquent que plusieurs causes sont à l'origine de cette situation, en plaçant “la rue” au premier rang (84,87%), suivie de “la cherté de la vie” (70,02%), “l'environnement” (56,02%), “les amis” (55,04%), “la dissolution de la cellule familiale” (52,80%), “la télévision” (41,87%), “les voisins” (22,96%), “l'Internet” (21,70%) et enfin “l'ingérence des proches” (18,76%). Dans leur constat, les auteurs de l'enquête mettent en exergue les mutations que connaît la famille algérienne, annonçant ainsi qu'il n'existe pas encore de “modèle de la famille”, mais qu'il existe plutôt “des situations et des conditions familiales, ainsi que des facteurs influents. Ils notent dans le même temps qu'un changement radical de l'éducation ayant adopté “la modernité et la démocratie”. Ces contradictions seraient, ainsi, derrière l'apparition de nouveaux problèmes. Le chapitre consacré aux jeunes et à l'éducation est édifiant, puisqu'il traite de l'impact des conditions de vie, de la violence environnante et de la démission à la fois des parents et des institutions de l'Etat, sur la population juvénile, non sans prévenir sur les risques de délinquance dans la société. Dans ce cadre, il est retenu surtout “le développement de la culture de la violence au sein de la famille” et “dans la rue”, “le recul du rôle du chef de famille”, “l'absence d'éducation civique” et “les situations d'impunité qui encouragent la récidive”. En guise de conclusion, l'étude soutient que “la réalité de la famille est complexe”. Elle précise également que la famille vivant en milieu urbain bénéficie d'un “important réseau de relations sociales primaires”. Et, malgré les transformations, assumées ou subies, la famille algérienne reste attachée, selon l'étude menée par le département de Nouara Saâdia Djaâfar, aux “valeurs sociales et culturelles”, inspirées par les traditions familiales et la religion. Aussi, les auteurs de cette étude pensent que “le meilleur investissement est celui de la famille”. H. Ameyar