Les espoirs des supporters du Mouloudia d'Oran de voir leur club maintenu parmi l'élite s'est estompé dimanche après que la FAF eut rendu son verdict qui condamne les Hamraoua à refaire leurs classes en division inférieure. “Soixante-dix-sept millions de DA de pertes pour absolument rien. De l'argent parti en fumée à cause d'un club de foot qui ne mérite même pas de jouer en division deux”. Le constat de Noureddine est sévère, très sévère, mais il témoigne de la température générale de la rue sportive oranaise au lendemain de l'officialisation de la relégation du club phare d'Oran au palier inférieur. Ce que tout le monde craignait et redoutait le plus vient d'arriver et le verdict de la FAF a sonné comme le glas à tous les espoirs entretenus par les supporteurs du MCO dans un hypothétique changement de système de compétition synonyme de sursis pour les Rouge et Blanc. “C'est le résultat du bricolage, cela fait cinq ans que le club joue à sauver sa peau”, enrage Habib, fervent socio du Mouloudia. Et à Zoubir de lui emboîter le pas en faisant le parallèle avec Constantine. “Oran, en perdant ses deux clubs, est en train de devenir une ville mineure sur le plan sportif tout comme Constantine lorsqu'elle a vu le CSC et le MOC rétrograder en deuxième division”. La nouvelle de la relégation du MCO, somme toute fraîche, n'avait franchement pas encore fait le tour de la ville puisque les quotidiens régionaux ont titré sur la décision de la FAF de maintenir le système actuel de la compétition en évitant de mettre en avant les conséquences qui en découlent. Pour ceux qui ont eu connaissance de la sentence, c'est comme un coup de poing reçu en pleine tronche, eux qui voulaient croire coûte que coûte au sauvetage des Hamraoua. Pour rappel, le soir même du dernier match du championnat qui a entériné la descente du MCO au purgatoire après son match nul à Chlef, Oran a connu un véritable état de siège après le déferlement de violence qui s'est abattu sur la ville. Trois jours d'émeutes qui ont semé l'effroi parmi la population locale et braqué tous les projecteurs sur un phénomène qui, de l'avis de tous, prenait de plus en plus d'ampleur. Le hooliganisme ou le diktat de la rue sportive montrait sa face la plus hideuse en prenant en otage la sécurité publique. Le retour au calme, après près de 300 interpellations, conjugué au mutisme des instances fédérales, ont fait croire à un règlement “politique” d'un dossier purement sportif. Les supporteurs les plus zélés se sont mis à espérer, plutôt à attendre, que les pouvoirs publics prennent en charge les nouveaux pourtours du football national en aménageant le chou et la chèvre. Les cafés n'avaient plus qu'un seul sujet de discussion au menu : un championnat à 20 clubs ou à deux groupes de 12 équipes chacun, ce qui signifie que le MCO est sauvé. Egalement le cas du joueur belouizdadi Aïssaoui, dans la ligne de mire des gestionnaires du club oranais et qui pouvait, le cas échéant, constituer leur bouée de sauvetage. Mais les supporteurs ont vite fait de déchanter, et par deux fois. La première, après le rejet du recours du MCO par la LNF de Ali Malek et le coup de grâce porté par la FAF qui condamne les Hamraoua à jouer la saison prochaine en DII. Malgré ce coup du sort et “cet acharnement contre leur club”, comme l'aiment à le qualifier les mordus du onze mouloudéen, la promesse de Haddadj d'habiller le championnat national d'une nouvelle mouture laisse toutes ses chances à leur équipe de retrouver le plus vite possible l'élite. “Avec un championnat à 20 clubs, il suffit au MCO de se classer parmi les huit premiers pour retrouver la DI”, analysera Hafid, un connaisseur des arcanes du foot. Quoi qu'il en soit, et en attendant que les supporteurs digèrent la rétrogradation de leur équipe, un certain malaise était palpable, hier, parmi les Oranais. Même si aucune présence notable des services de sécurité n'est à signaler, il n'en demeure pas moins que les derniers événements sont toujours vivaces dans la mémoire collective et la crainte d'un coup de folie n'est pas à écarter. Tout le monde se rappelle les menaces proférées contre le président du MCO au cas où la descente était officialisée et on se prend à espérer que la raison l'emporte une bonne fois pour toutes sur les démons d'un ballon en cuir. Saïd OUSSAD