Le chef terroriste a profité de cette tribune pour justifier les crimes commis pas son organisation. Abdelmalek Droudkel, alias Abou Moussab Abd El-Ouadoud, le numéro 1 du GSPC algérien, devenu en 2006, sous le parrainage d'Abou Moussab El-Zarqaoui, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a accordé sa première interview au quotidien américain New York Times. Une première dans la mesure où cet ancien ingénieur de 36 ans n'était pas réputé pour être un bon communicateur. Sans grande surprise, ni de scoop à attendre, Droudkel a repris tous les arguments guerriers de l'organisation de Ben Laden en utilisant une dialectique propre aux groupes armés d'obédience islamiste. Répondant à des questions orientées du journal américain, il a repris les menaces proférées par le numéro deux d'Al-Qaïda Aymen El-Zawahiri contre les intérêts occidentaux en Algérie et en Afrique du Nord. Les questions se faisant plus insistantes sur le sort des Américains en Algérie, Droudkel n'a pas hésité à menacer directement les Etats-Unis de frappes sans distinction, ni de temps ni d'espace. Le numéro un du groupe salafiste a énuméré tous les griefs que l'organisation mère retient contre Washington, en déployant tout un argumentaire basé sur une propagande rompue à l'exercice médiatique. Pillage des richesses de l'Algérie, installation d'une base militaire au Sud, ouverture d'une antenne du FBI et omniprésence de l'ambassade américaine sont tour à tour cités. Revenant sur l'historique de son mouvement et les circonstances de sa filiation à Al-Qaïda, Droudkel apporte un éclairage sur ce qu'il est convenu d'appeler les bases arrière de l'AQMI ou les réseaux dormants de l'organisation terroriste en Europe. Il a évoqué les dernières arrestations en Espagne et en Italie en se faisant le porte-parole des présumés terroristes et en les qualifiant de simples sympathisants. Recentrant ses réponses sur les activités de l'AQMI en Algérie, Droudkel a réitéré une nouvelle fois la paternité de l'organisation dans les attentats du 11 décembre contre le siège de l'ONU à Alger et plus globalement dans l'attentat contre l'ambassade d'Israël en Mauritanie et l'enlèvement de deux touristes autrichiens à la frontière algéro-tunisienne. Il a affirmé que ses troupes sont essentiellement constituées d'Algériens, sans toutefois donner de chiffres sur ses forces. Il a révélé quand même les renforts d'hommes armés venus de Mauritanie, de Libye, de Tunisie, du Maroc ou encore du Mali et du Niger, tout en insistant sur le nombre insignifiant de combattants algériens de retour d'Irak. Selon des “officiels militaires américains”, cités par le New York Times, l'AQMI dispose en Algérie de 300 à 400 combattants, principalement cachés dans les montagnes à l'est d'Alger, ainsi que d'un réseau de soutien estimé à quelque 200 personnes dans le reste du pays. Quant à une réorganisation tactique de l'AQMI, Droudkel a répondu par l'affirmative tout en restant évasif sur sa nature, mais a confirmé l'échange de logistique entre différentes organisations inféodées à Ben Laden. En clair, Abdelmalek Droudkel n'aura rien dit de nouveau mis à part le déroulement d'un message à haute couleur propagandiste, et le quotidien américain, réputé proche des démocrates — il a apporté son soutien aux candidats démocrates lors des cinq dernières élections présidentielles de 1988 à 2004 — annonce la couleur de ce que sera la future vision américaine si Obama venait à se faire élire à la Maison-Blanche. Pour l'histoire, Abdelmalek Droudkel a combattu en Afghanistan. Il a approuvé publiquement l'exécution, en 2005, de deux diplomates algériens en Irak et délivré un long et vibrant éloge de Zarqaoui lorsque ce dernier a été éliminé. Il est épaulé par deux adjoints chargés, l'un des opérations militaires, l'autre des questions religieuses. L'organisation comprend un service de communication, un service de santé, un département en charge des fatwas... Saïd OUSSAD