S'exprimant jeudi dernier au MDN, le président de la République a laissé la classe politique sur sa faim. Surprenant. Le président de la République n'a soufflé mot sur la révision de la Constitution. Or, tout le monde s'attendait à une telle déclaration lors du discours prononcé au ministère de la défense nationale à l'occasion du 45e anniversaire de l'indépendance. Aucune allusion au sujet. Le président a laissé la classe politique sur sa faim. Ni confirmation ni infirmation, sur la date de la révision du texte constitutionnel. Annoncée pour le mois en cours, la révision occupe actuellement le devant de l'actualité politique. Dans les couloirs de l'APN ou du Sénat, le thème revient sur toutes les lèvres. Quand? Nul ne le sait. Tous s'accordaient à dire que la réponse sera dans le discours. Finalement, rien. Le flou persiste toujours. Le président a pris tout le monde de court. Durant une heure de discours, le président a évoqué tous les sujets importants faisant l'impasse sur le projet qui lui tient à coeur. La réconciliation nationale, la lutte antiterroriste, l'économie et la réforme de la justice sont les principaux points évoqués. Cela veut-il dire que la révision est moins importante? Loin s'en faut. Ce dossier est classé actuellement en priorité dans le planning du gouvernement. Le chef de l'Exécutif l'avait même révélé. En marge de la présentation de son programme devant l'APN, M.Belkhadem a affirmé que «la révision du texte fondamental est programmée». Depuis deux ans, ce dernier avait fait du projet son cheval de bataille. Le texte est, dit-on, fin prêt. Des discussions sont en cours entre les deux chambres du Parlement. Certains avancent même des dates. La révision aura lieu probablement le 11 ou le 28 juillet prochains. Raison de plus. Le président devait se prononcer, alors, pourquoi ne l'a-t-il pas fait? s'interrogent les observateurs politiques. Evident. Le président est le seul habilité à s'exprimer sur l'amendement. Ce sujet a suscité, faut-il le rappeler, une vive polémique qui a duré deux ans. Le chef de l'Etat n'a pas voulu apparemment s'appesantir sur ce dossier. Sachant qu'il avait prononcé de la même tribune en 2005 l'amendement de la Constitution, cette fois-ci, il n'a pas jugé utile de le rappeler. L'essentiel pour lui, c'est le terrain. Tout est clair. Même s'il ne le prononce pas, la réalité le démontre. La tournée qu'il effectue à travers le pays, le confirme davantage. Un autre élément de taille explique la raison de ce silence. Il s'agit du résultat obtenu lors des législatives du 17 mai dernier. Le taux d'abstention a confirmé la rupture entre la population et les politiques. Cette réalité a véritablement secoué les institutions de l'Etat. C'est pourquoi le discours de jeudi était beaucoup plus centré sur l'économie. Conscient des attentes de la population, le président a préféré revenir à cette occasion sur l'économie, moteur du développement. Effectivement, la réalité économique est plus amère. Parler d'un amendement de la constitution à l'occasion de la fête de l'indépendance serait de trop. De même, il est loin d'attirer l'intérêt des citoyens. Priorité à l'économie pour améliorer le quotidien des citoyens. Même le chef du gouvernement ne se prononce plus comme avant. Ce dernier axe beaucoup plus ses interventions sur l'économie. Dans son programme, il a beaucoup insisté sur l'amélioration des conditions de vie. Comme il a rappelé que le citoyen est placé au coeur de toutes les actions et de toutes les réformes visant le développement économique et social. Pour le moment, l'Etat veut gagner la confiance de ses citoyens. Cela ne l'empêche pas, non plus, de poursuivre le projet de la révision. A noter que les amendements devraient toucher l'article 74 relatif à la limitation des mandats et les dispositions se rapportant à la répartition des pouvoirs. La procédure va connaître un coup d'accélérateur qui mettra un terme à la polémique.