Le parti Zanu-PF du président Robert Mugabe et l'opposition ne sont pas parvenus à s'entendre sur un cadre de négociations pour mettre fin à la crise politique du Zimbabwe, déclare un porte-parole du principal parti d'opposition. Mais ce n'est pas la rupture, les deux parties assurant que les négociations vont se poursuivre. Mugabe et Nelson Chamisa, porte-parole du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), ont tenu une première rencontre après les premiers pourparlers préliminaires entre l'opposition et le régime à Pretoria sous les auspices de médiateurs sud-africains. Le terrain reste à dégager pour des entretiens sérieux, a déclaré Chamisa qui a accusé la Zanu-PF d'entretenir la violence: “Nos députés, conseillers et adhérents sont victimes de représailles. Nos sympathisants sont encore la cible d'attaques.” Malgré les déclarations du MDC, Harare laissaient entrevoir lundi un accord sur un terrain de négociation. Le Sunday Mail, la voix officiel de Mugabe, assure que les négociateurs se sont entendus sur un cadre de travail qui prépare le terrain à des entretiens sérieux. D'après le journal sud-africain The Sunday Independent, les négociateurs des deux camps vont signer un accord qui encadrera des pourparlers intensifs devant s'ouvrir demain à Harare et durer jusqu'à la fin juillet. Les discussions porteront sur la formation d'un gouvernement d'intégration. Tsvangirai avait battu Mugabe au premier tour de la présidentielle le 29 mars, mais sans obtenir la majorité absolue requise pour l'emporter d'emblée. Le chef du MDC s'est ensuite retiré du second tour fixé au 27 juin en raison de violences et d'intimidations, et il a refusé de négocier un partage du pouvoir avant que le gouvernement ait mis fin aux effusions de sang. Tsvangirai est l'objet de pressions africaines qui visent à lui faire accepter des négociations en bonne et due forme avec Mugabe, lequel traite les membres du MDC de fantoches de l'Occident et jure de ne jamais les laisser arriver au pouvoir. Le Zimbabwe, où la situation politique est tendue depuis plusieurs années, traverse une crise sans précédent depuis la déroute du régime aux élections générales du 29 mars. L'opposition et l'Occident ont refusé de reconnaître la réélection de Mugabe mais le vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur des sanctions contre le Zimbabwe a été reporté, plusieurs membres ayant préféré soutenir les négociations en cours entre Harare et son opposition sous égide sud-africaine. L'Afrique du Sud, la Chine, l'Indonésie, la Libye, la Russie et le Vietnam sont hostiles à l'implication du Conseil dans la crise zimbabwéenne, estimant qu'il s'agit d'un problème intérieur pouvant être réglé par la diplomatie régionale et ne présentant pas une menace pour la paix et la sécurité internationale, seul champ de compétence du Conseil, et que celui-ci n'a pas vocation à arbitrer des élections. La délégation américaine à l'ONU avait espéré un vote qui prévoit un embargo sur les armes à destination du Zimbabwe et un gel des avoirs financiers, ainsi qu'une interdiction de voyager à l'étranger, visant quatorze de ses ressortissants, dont le président Robert Mugabe. D.B.