Ne s'intéressant qu'aux agissements des régimes de la partie sud de la planète, la Cour pénale internationale n'est en fait qu'un instrument politique contrôlé par l'Occident pour tenir à sa merci cette partie du monde, sans qu'elle se soit jamais saisit des dépassements de Bush, de Sharon et autre Clinton, qui ont ordonné de tuer, de torturer et de bombarder des innocents. Les exemples de Guantanamo, d'Abou Ghraïb, de Sabra et Chatilla sont édifiants à plus d'un titre. Par la voix de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, l'Algérie estime que la demande du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) constitue “un précédent grave et inacceptable”, tout en réitérant sa solidarité “totale” avec le peuple et les dirigeants soudanais face aux défis auxquels ils sont confrontés. “Nous avons été très surpris par la position du procureur de la CPI contre le président de la République du Soudan, Omar El-Bachir, que nous saluons pour son respect des décisions de la légalité internationale et ses efforts sincères pour parvenir à une entente et, partant, à une solution pacifique du conflit au Soudan”, ajoute le chef de la diplomatie algérienne. En effet, la position du procureur de la CPI a de quoi surprendre, d'autant plus que le régime de Khartoum, écartelé entre les différentes crises internes, n'a à aucun moment cessé de collaborer avec les instances internationales, notamment sur la question du Darfour. Contraint d'étouffer la forte activité islamiste, de satisfaire les revendications de sa population sudiste et de trouver une solution à la crise du Darfour, le gouvernement d'Omar El-Bachir a tout tenté avec les Occidentaux pour éviter le bras de fer. En dépit de cela, la CPI semble faire une fixation sur le Soudan en particulier. Actionnée par les capitales occidentales, surtout Washington, cette cour concentre son activité sur les pays du Sud uniquement, à l'exception de l'ex-Yougoslavie, où des crimes de guerre avaient défrayé la chronique durant la décennie 1990. Pourtant, ce ne sont pas les violations graves de la légalité internationale par les Etats-Unis et Israël qui manquent depuis le début de ce vingt et unième siècle. Guantanamo, où des êtres humains, considérés par l'administration Bush comme des “combattants ennemis”, sont parqués dans des cellules comme des bêtes et soumises à un traitement assimilé à de la torture par les spécialistes, n'a pas attiré l'attention de la CPI. Les images insoutenables des actes de torture et d'humiliation des soldats américains sur des détenus irakiens n'ont pas non plus retenu l'attention du procureur de la CPI. Il y a eu pire encore avec les massacres du général Ariel Sharon dans les campements de Sabra et Chatilla à Beyrouth en 1982. Là aussi, nul n'a jugé utile d'ouvrir une enquête pour châtier les coupables. Continuons avec l'Etat hébreu, qui a bombardé sans aucune raison pendant tout un mois, juillet 2006, le Liban, le réduisant à un tas de débris, sans que nul s'en émeuve. Pis, les chefs d'Etats occidentaux ont refusé de demander à Israël de cesser sa guerre unilatérale. Si tout cela ne sont pas des crimes de guerre, il faudrait que la définition de ces actes abominables soit reconsidérée par les spécialistes en la matière. Pour revenir au chef de la diplomatie algérienne, il estime que la demande du procureur de la CPI qui “compliquera sans nul doute la situation et entravera les efforts en faveur de la paix au Darfour, nous interpelle sur ses motifs, ses dimensions et ses retombées sur l'intégrité, la sécurité et la souveraineté du Soudan”. Soulignant que “l'engagement inconditionnel de l'Algérie pour le respect et la préservation des droits de l'homme individuels et collectifs”, Medelci considère que la demande du procureur de la CPI “dénote un déni de tous les efforts déployés” pour le règlement de cette crise. Il n'a pas manqué d'ajouter que ceci confère à cette position un “caractère politique qui consacre, dans ce cas précis, la thèse de l'ingérence dans les affaires internes des Etats sous prétexte de la protection des droits de l'homme, même si cela se fait au détriment d'un Etat souverain dirigé par un président légitime”. Clair, net et précis, la Cour pénale international excelle dans l'ingérence dans les affaires internes d'Etats souverains, au lieu de remplir la mission qui lui est dévolue. K. ABDELKAMEL