Abdelaziz Belkhadem n'est plus Chef du gouvernement. Qu'est-ce que cela change ? “Le changement à la tête du gouvernement entre dans le cadre d'une stratégie. La nomination d'Ouyahia à la tête du gouvernement intervient en fait en renforcement de l'application du programme du président de la République. Il s'agit d'un même travail gouvernemental et nous, en tant que FLN, sommes représentés par nos ministres au sein du nouveau gouvernement. Nous demeurons donc dans le vif de l'application du programme du gouvernement à travers nos ministres”. C'est en tout cas l'explication fournie hier par Saïd Bouhedja, le membre du Comité exécutif (groupe des sept) chargé de la communication à la formation de Belkhadem, contacté par téléphone. Le Front de libération nationale (FLN) est-il lésé à travers la nomination d'Ahmed Ouyahia en remplacement de Belkhadem ? “Nous n'avons rien perdu”, explique Bouhedja, arguant qu'“à partir du moment où Abdelaziz Belkhadem a été nommé ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, cela veut dire que les équilibres sont maintenus ! Il n'y a rien de changé en ce sens !”. Bien au contraire, le départ de Belkhadem de la tête du gouvernement est une aubaine pour le FLN, pense notre interlocuteur. “ça devrait lui permettre une plus grande présence et disponibilité au sein du parti”, dit-il, tout en précisant que l'actuel patron de la formation majoritaire “sera plus apte à rencontrer les cadres et militants du FLN et être plus amplement à leur écoute”. Il faut dire à ce propos que le travail de Abdelaziz Belkhadem au sein du gouvernement ne lui permettait nullement de se consacrer comme il se doit à un parti aussi complexe et hétérogène que le FLN. Les rencontres que tenait Belkhadem au parti, il les organisait soit trop tôt le matin ou alors trop tard le soir et généralement les week-ends (jeudi et vendredi) compte tenu de son travail gouvernemental. Ses réunions et rencontres avec les militants, cadres ou membres de la direction du FLN, n'étaient que rarement programmées à l'avance. Elles étaient en effet décidées à la dernière minute, en fonction de la disponibilité du désormais ex-Chef du gouvernement. M. Belkhadem était en effet partagé entre les affaires du gouvernement et la gestion du parti, la Présidence et le gouvernement. Il organisait ses rencontres partisanes en faisant toute une gymnastique pour trouver un moment de répit pour traiter et résoudre les problèmes, souvent inextricables de sa formation politique. Le départ de Belkhadem de la tête du gouvernement lui permettra donc de souffler et d'avoir plus de temps pour examiner, à tête reposée, les problèmes que lui pose son parti. Aussi son éviction de la tête du gouvernement ne devrait nullement constituer une quelconque gêne pour ce dernier. En ce sens, dit-il, “le Chef du gouvernement n'est en fait qu'un coordinateur d'une équipe gouvernementale et le véritable patron de l'Exécutif et détenteur du pouvoir en la matière reste le président de la République”. M. Belkhadem, qui quitte la chefferie du gouvernement, devra prendre cette décision présidentielle comme une opportunité pour se consacrer au FLN et le reconstruire à la base pour en faire un véritable parti apte à faire avancer les choses dans notre pays. Ceci en attendant d'autres perspectives. NADIA MELLAL