Pour financer ce programme ambitieux, elle est contrainte de recourir principalement aux crédits bancaires et aux emprunts obligataires. Le dernier emprunt obligataire de Sonelgaz aura été un succès, indique Newsletter, la publication du groupe. L'opération lui a permis de lever 30 milliards de dinars, répartis en six millions d'obligations vendues, atteignant ainsi le seuil maximum accordé par la Cosob. Les entreprises et les institutions financières ont contribué à hauteur de 70% de ce montant. Le plus fort taux de participation, indique le dernier numéro du périodique, a été enregistré dans la wilaya d'Alger avec 61,17%, suivie par Oran avec un taux de participation de 19,4%, Sétif 5,6% et Tizi Ouzou 3,4%. Cet emprunt contribuera au financement de la tranche 2008 du plan d'investissement de Sonelgaz, soit 187,5 milliards de dinars. La compagnie nationale puisera également dans ses fonds propres à hauteur de 35 milliards de dinars. Elle va recourir également aux crédits bancaires : 81 milliards de dinars, le restant représente le financement de l'Etat de ses propres programmes de distribution publique du gaz et de l'électrification rurale, 11 milliards de dinars, la participation des clients à leurs travaux de raccordement. En 2006, Sonelgaz avait drainé 11,6 milliards de dinars via l'emprunt obligataire. En 2004 et 2005, elle avait levé 45,9 milliards de dinars par ce mode de financement. Ainsi Sonelgaz est en train de s'endetter pour pouvoir financer son ambitieux programme de développement, faute de pouvoir compter sur une hausse des tarifs, notamment en 2008, considérée comme impopulaire. L'effort d'investissement est perceptible à travers le chantier de gazéification du pays. “En 2007, plus de 2,4 millions de foyers ont accès au gaz naturel, indique la publication. Ce chiffre représente en termes de réalisation physique, durant la période allant de 2000 à 2007, pas moins de 3 100 kilomètres en réseaux transport réalisés, 16 361 kilomètres en longueur de réseaux de distribution réalisés et 699 317 branchements. Le groupe Sonelgaz a investi 50 milliards de dinars durant cette période. Les 2,4 millions de clients ne sont plus qu'un prélude à une étape plus importante quant à l'étendue du réseau gaz. En effet, le taux de pénétration du gaz naturel devra se situer à terme à 57%. Ainsi, la demande de gaz annuelle pour l'année 2009 s'élèvera à 19,7 milliards de mètres cubes, répartis comme suit. Distribution publique : 5,2 milliards de mètres cubes, clients industriels : 3,2 milliards de mètres cubes, centrales électriques : 11,3 milliards de mètres cubes. Et la demande sera de 22,4 milliards de mètres cubes en 2012. Les ambitions du groupe Sonelgaz ne s'arrêtent pas là. D'ici 2017, pas moins de 74 761 kilomètres de réseau de distribution gaz seront réalisés. La longueur du réseau national de distribution sera donc de près de 108 111 kilomètres et le nombre prévisionnel de gaz total d'abonnés passera ainsi de 2,4 millions en 2007 à 5 millions en 2017, soit une augmentation de plus de 2,6 millions, équivalant à un taux d'accroissement moyen de 7,56%.” Ainsi, l'Algérie disposera à moyen terme d'un réseau gaz parmi les plus développés de la planète. En d'autres termes, le taux de pénétration sera parmi les plus élevés au monde. La majorité de la population aura accès au gaz en principe dès 2009. Sonelgaz compte comme mégaprojet la réalisation de la grande rocade gazière du futur. “Elle reliera les wilayas de Khenchela jusqu'à Sidi Bel-Abbès. Elle permettra de garantir et de sécuriser l'approvisionnement en gaz de la région des Hauts-Plateaux qui couvre une vingtaine de wilayas. Le gazoduc de 28 pouces sera long de 509 kilomètres. Il reliera Khenchela-Batna-Barika-M'sila-Sidi Aïssa-Boughezoul, ainsi que le tronçon Oued Taria jusqu'à Sidi Bel-Abbès. Le financement du Greo, estimé à 25 milliards de dinars, est assuré à 85% par l'Etat et 15% par Sonelgaz. Il devra être réceptionné en 2010.” Avec ces projets, la quasi-totalité de la population aura accès au gaz dans moins d'une décennie. Ce taux de pénétration sera peut-être le plus important au monde. Les réseaux ainsi développés permettront à de nombreuses localités de lancer des projets industriels créateurs d'emplois, participant à un meilleur équilibre régional. L'électrification et la gazéification poussées vont contribuer à développer les Hauts-Plateaux et réduire la concentration des populations sur les agglomérations du littoral. Mais ces investissements ont un coût. La situation financière de Sonelgaz pourrait en pâtir. Elle deviendrait intenable dans un an, deux, voire trois ans. La question est de savoir si par le seul effort de l'amélioration de la gestion interne ou par la hausse des tarifs, elle pourra soutenir le financement de ce plan d'investissement colossal dont l'enjeu est de garantir dans la durée une alimentation continue, c'est-à-dire sans perturbations, de la population en électricité et la qualité de services. N. Ryad