Après avoir enregistré une pénurie et une hausse des prix qui ont suscité l'inquiétude des chefs de ménage, la pomme de terre, qui reste l'aliment de base de tous les mets, est bradée sur les marchés en cette période estivale au cours de laquelle, paradoxe, sa consommation est en très nette augmentation. En effet, il y a moins d'un mois seulement, ce légume essentiel se faisait désirer et son prix a connu un brusque pic, puisqu'il avait atteint 50 DA/kg. Aujourd'hui, les indices ont l'ascenseur dans le sens inverse, car la pomme de terre est disponible en quantité et en qualité et son prix a chuté jusqu'à attendre 10 DA/kg à la grande satisfaction des consommateurs. Mais, si ce revirement de la situation fait le bonheur des ménages, il est perçu différemment par les producteurs qui affichent une attitude de frustration, car se sentant lésés, eu égard aux pertes sèches qu'ils subissent après tant d'efforts, de sacrifices et d'investissement. Les agriculteurs énumèrent les dépenses liées aux semences, aux travaux d'enfouissement, d'irrigation, des produits d'entretien, d'arrachage, de lavage, de tri, d'emballage, de main-d'œuvre et de transport. Ils évaluent à 30 DA/kg le prix de revient sur pied de la pomme de terre, sans la marge bénéficiaire à laquelle ils aspirent. En outre, si le consommateur l'achète à 10 DA, le producteur la cède à 5 DA, car entre le point de départ et la chute, il y a le mandataire, l'intermédiaire et le détaillant qui récoltent chacun une petite marge bénéficiaire. Mais, selon les aveux d'un producteur, mieux céder la pomme de terre à 5 DA que tout perdre, car, en été, ce légume ne peut être stocké et est très sensible à la chaleur. “Les pouvoirs publics sont bien informés de la situation à laquelle sont confrontés les producteurs de la pomme de terre et ont une idée précise sur les conséquences qui en découlent, mais ne nous accordent aucune compensation en contrepartie des pertes que nous subissons en ce qui concerne la période de l'été. Dans ce cas, mieux vaut ne pas produire de la pomme de terre pour nous éviter ces désagréments”, devait ajouter S. M., un agriculteur qui s'est spécialisé dans la récolte de ce légume. A. B.