Ce que tout le monde appréhendait à Rahouia, dans la wilaya de Tiaret depuis bien longtemps, compte tenu du climat tendu véhiculé par l'emballement électoral du mois de novembre dernier, est bien arrivé et a failli tourner au pire, si ce n'était l'intervention rapide des services de sécurité. En effet, tout a commencé en début de soirée de vendredi dernier, quand une altercation s'est généralisée entre les éléments de deux tribus Chouala et Boukhetache, avant de s'enchevêtrer pour faire quatre victimes, deux dans chaque camp, dont deux évacuées dans un état grave vers les services des UMC de l'hôpital Youssef-Damardji de Tiaret. “Nous avons vécu une nuit de vendredi plus qu' agitée et confuse”, nous dira un citoyen qui, à l'instar de certains autres, enchaînera que le climat était voué à une grisaille sans nom qui présageait le pire. Cependant, le bilan aurait pu être plus lourd n'était l'intervention des éléments des services de sécurité organisés autour d'un renfort exceptionnel. Alors qu'un semblant d'accalmie s'est réinstallé durant la journée de samedi, les choses sont allées dans le sens des supputations et d'une crainte avérée de l'irréparable. Durant notre virée au commissariat de la ville durant la soirée d'avant-hier, nous avons appris que quatre personnes, deux de chaque tribu, étaient arrêtées pour coups et blessures volontaires et atteinte à l'ordre public, et devaient être présentées le lendemain (hier, ndlr) devant le procureur de la République. Toutefois, si durant la matinée d'hier, tout semblait calme, la mobilisation reste toujours de mise, notamment pour les services de sécurité qui veillent au grain et maintiennent l'ordre. Pour revenir au mobile de cet incident, certains témoignages l'imputent à une agression sur la personne d'un passager étranger à Rahouia, quatre jours auparavant. Ce dernier, ayant vu sa plainte avortée par le chef de sûreté de daïra, en dépit d'un certificat médical, avait fait appel à ses proches qui s'étaient résolus à se faire justice eux-mêmes en venant rendre visite à son agresseur, l'une des victimes hospitalisées, qui a été fortement passée à tabac avant que ses proches n'investissent un café, dont le gérant est issu de la tribu adverse, pour tout casser et tout saccager. Les choses se sont envenimées ensuite pour arriver carrément à une “guerre des clans”. En effet, les prémices d'une instabilité se dessinaient déjà depuis bien longtemps car, force est de constater aujourd'hui que de tels concepts nous permettent certes de mieux expliquer le mal qui ronge la société, mais ne permettent pas de comprendre la défaillance des pouvoirs publics,. Par ailleurs, les différents interlocuteurs rencontrés nous ont fait part de la résolution de la population à s'organiser autour d'une requête qui sera destinée aux plus hautes autorités de l'Etat. “Nous crierons notre SOS à qui voudrait bien l'entendre et nous informerons l'ensemble des autorités sur les moindres détails de ce qui se passe à Rahouia où l'égoïsme, le laxisme, le passe droit…relèvent d'une obsession caractérisée de ces pseudo responsables qui préfèrent siroter calmement leur verre de thé, que de répondre à la mission pour laquelle ils sont payés, à savoir la protection et la sécurité du citoyen et de son environnement”, tenait à conclure l'un d'eux. R. SALEM