La junte, qui a pris le pouvoir mercredi en Mauritanie, s'apprêtait hier à expliquer aux émissaires de la communauté internationale le bien-fondé de son action, alors que les ?tats-Unis ont déjà suspendu leur aide non humanitaire. Une délégation de la Ligue arabe était attendue vendredi soir à Nouakchott où des émissaires de l'Union africaine (UA) devaient également arriver aujourd'hui, selon une source proche. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s'était déclaré “extrêmement inquiet” après le coup de force mercredi des militaires, unanimement condamné par la communauté internationale. M. Moussa “espère que le coup d'?tat ne constituera pas de pas en arrière pour le processus démocratique” en Mauritanie et demande que “les problèmes politiques soient résolus dans le cadre d'un dialogue démocratique et du respect des institutions démocratiques”, selon un communiqué. De son côté, l'Union africaine (UA) avait “exigé” la libération du président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi et “des autres personnalités arrêtées” par les putschistes, ainsi que le “rétablissement sans délai des institutions que le peuple mauritanien s'est démocratiquement choisies”. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du coup d'?tat et qui préside désormais un “haut conseil d'Etat” formé de 11 militaires, avait déjà reçu jeudi le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA), Habib Benyahya. M. Benyahya avait précisé avoir été chargé par le dirigeant libyen Mouammar Al-Kadhafi, qui assure la présidence tournante de l'UMA, “de se rendre en Mauritanie pour avoir plus d'informations” sur le coup d'?tat, selon l'Agence mauritanienne d'information (Ami, officielle). “Nous souhaitons bonheur et bonne chance à ce pays frère”, s'est-il contenté de dire après la rencontre. Cet entretien avec l'émissaire de l'UMA constituait le premier contact extérieur direct du chef de la junte depuis le putsch. Ce ballet diplomatique à Nouakchott auprès du général Ould Abdel Aziz, ancien dirigeant de la garde présidentielle, intervient au moment où la communauté internationale accroit sa pression pour un retour à l'ordre constitutionnel. Les ?tats-Unis ont suspendu leur aide bilatérale non humanitaire à la Mauritanie, dont le régime renversé était un allié de Washington dans la lutte contre le terrorisme. Les ?tats-Unis avaient accordé pour l'année fiscale 2008 une aide militaire de 15 millions de dollars à la Mauritanie, a indiqué le département d'?tat. Ils avaient également débloqué une aide au développement de 3 millions de dollars, auxquels s'ajoutaient 4 millions de dollars destinés à la formation, au maintien de la paix et 805 000 dollars à la non-prolifération, la lutte contre le terrorisme et au déminage.