Le président pakistanais Pervez Musharraf, menacé par une procédure de destitution, a fait savoir qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il démissionne, augurant d'un long et complexe bras de fer procédural au sommet de l'?tat. L'Assemblée nationale au Pakistan devait se réunir hier à Islamabad pour se prononcer, d'ici la fin de la semaine, sur la procédure de destitution. Le comité chargé de la procédure de destitution a quasiment terminé : il met la dernière main à l'acte d'accusation, selon le premier parti de la coalition, le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, pour qui Musharraf a eu plusieurs mois pour démissionner et qu'aujourd'hui, il doit se rendre au fait qu'à présent, c'est au peuple du Pakistan, à travers ses représentants élus au Parlement, de s'en charger. Selon le ministre de la Justice, Farooq Naek, membre du PPP, l'acte comporte des accusations de “mauvaise administration” et de “violation de la Constitution”. Musharraf est au pouvoir depuis 9 ans après sa prise de pouvoir par un coup d'?tat militaire et moins d'une année après sa réélection controversée. L'article 47 de la Constitution de 1973 dispose que le président peut “être renvoyé en cas d'incapacité physique ou mentale, ou destitué s'il est coupable de violation de la Constitution ou de faute grossière”, mais ce serait une première dans l'histoire du Pakistan. La coalition doit, cependant, rassembler la majorité des deux tiers des deux chambres réunies du Parlement, soit 295 sièges sur 439, pour renvoyer le chef de l'?tat. Mais si cela est possible au niveau de l'assemblée des députés, dans la seconde chambre, Musharraf dispose d'une majorité de fidèles. Depuis les législatives du 18 février, le PPP et la Ligue musulmane du Pakistan de l'ex-Premier ministre, Nawaz Sharif, alliés à plusieurs petits partis, disposent de 266 sièges à l'Assemblée nationale et au Sénat. Pour obtenir le départ de Musharraf, ils devront convaincre 29 autres parlementaires. En théorie, le chef de l'?tat peut dissoudre l'Assemblée nationale, voire déclarer l'état d'urgence. Musharraf, réélu le 6 octobre 2007 au suffrage indirect dans une élection contestée devant la Cour suprême, a déjà proclamé l'état d'urgence le 3 novembre et suspendu la Constitution en invoquant “la menace islamiste” et “une ingérence du pouvoir judiciaire dans la lutte antiterroriste”. Affaire à suivre. D. B./Agences