Le secrétariat politique du Parti des travailleurs a rendu public hier un communiqué dans lequel il aborde plusieurs sujets d'actualité. Ainsi, tout en saluant la dernière décision du patron de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, de détenir la majorité du capital dans les projets d'investissement impliquant des capitaux étrangers, le PT demande que son application soit rétroactive “pour corriger des décisions scandaleuses”. Il cite pêle-mêle les cas de la cession de 66% des parts de l'ENG à Linde, la “mainmise” de Henkel sur l'Enad et aussi son omniprésent cheval de bataille, le complexe d'El-Hadjar. Sur ce dernier cas, le communiqué a utilisé le terme de “bradage” pour définir sa cession en octobre 2001 aux Indiens de l'Ispat (qui a depuis changé de nom pour devenir Arcelor-Mittal Annaba). Ces derniers avaient obtenu à l'époque 70% du capital du complexe (Sider a les 30% restants). En demandant au gouvernement de revenir sur les accords conclus auparavant, le parti de Louisa Hanoune espère ainsi la réédition du “coup” d'il y a plus de deux ans suite à l'amendement de la loi sur les hydrocarbures qui obligeait Sonatrach à prendre au moins 51% de partenariat dans l'exploration, la production et le transport. Il y a aussi l'exemple de l'association de Sonatrach et Sonelgaz avec le consortium émirati Moubadala et Dubal, dans une usine d'aluminium d'une capacité de 700 000 tonnes/an à Béni-Saf. Alors qu'au début, l'accord stipulait 30% pour la partie algérienne, M. Ouyahia l'a revue à la hausse pour la “transformer” en 51%. Aussi, le PT est revenu sur les derniers attentats de Tizi Ouzou et de Boumerdès. Il relèvera que “ces opérations interviennent à un moment où, sur le terrain économique, des décisions importantes sont annoncées, qui contrarient les convoitises mafieuses locales et étrangères”. Plus loin, il précisera que “par-delà les exécutants et les situations sécuritaires propres à chaque pays, la jonction entre les groupes terroristes décomposés et divers centres d'intérêt occultes guidés par le pillage des richesses des peuples n'est plus à démontrer”. Dans le chapitre des satisfecit envers le gouvernement, la liste était assez longue dans le communiqué. Le secrétariat politique a ainsi “apprécié les mesures d'aide et de soutien de l'?tat au profit des fellahs”, avant de préciser que “ces décisions participent indiscutablement de vraies réformes corrigeant les politiques de désertification et de pillage”. Il propose aussi de profiter de cette “réorientation” pour retirer la loi domaniale amendée ainsi que la révision de celle portant orientation agraire “qui, en consacrant le système des concessions des terres agricoles et la cession des terres mises en valeur dans le Sud, y compris au profit des étrangers, sont en contradiction totale avec les préoccupations légitimes qui sous-tendent les mesures dégagées pour rétablir la nation dans ses droits”. Les “reproches” ont été aussi au menu dans le communiqué. Le PT appelle à l'annulation des certaines décisions prises dernièrement par le gouvernement. Il s'agit de la levée du monopole de l'?tat sur l'importation et le commerce d'alcool, ainsi que l'ouverture de la commercialisation des produits pétroliers aux étrangers dont l'exclusivité vient d'être retirée à Naftal. Le secrétariat du parti se pose d'ailleurs la question suivante : “Est-il concevable qu'au moment où l'?tat se réapproprie des attributs très importants de sa souveraineté de décision sur l'économie et que l'OMC vient de démontrer une fois de plus, lors du dernier round, sa nature et ses objectifs impérialistes, le gouvernement décide de satisfaire ses exigences alors même que notre pays n'est pas membre.” La série de questionnements du PT ne s'arrête pas là. Il revient sur la dissolution, le 26 juillet dernier, de l'Enaditex, “entraînant la suppression de tous les emplois qu'elle assurait. ? qui cette opération profite-t-elle ?” La situation des enseignants contractuels grévistes n'a pas été oubliée dans le communiqué et le secrétariat politique se dit “inquiet devant la dégradation” de leur état de santé, tout en appelant le gouvernement au dialogue “pour éviter le pire”. ? la fin du communiqué, le Parti des travailleurs n'omettra pas de saluer la victoire (avec 63%) du président bolivien, Evo Morales, au référendum réfractaire de dimanche dernier, tout en ne faisant aucun commentaire sur le coup d'?tat survenu la semaine passée à nos frontières sud-ouest, en Mauritanie. Salim Koudil