Au lendemain de la victoire de Usain Bolt, la Jamaïque a confirmé, dimanche, son nouveau statut d'île aux sprinteurs avec un inédit triplé en finale du 100 m dames des jeux Olympiques de Pékin. Deux titres, quatre podiums et six finalistes sur six possibles ! La Jamaïque n'est pas loin du carton plein sur les deux lignes droites olympiques. ? l'issue d'un 100 m parfaitement maîtrisé, Shelly-Ann Fraser, 21 ans, s'est imposée avec un record personnel (10.78) devant Sherone Simpson et Kerron Stewart. Le duo des “vaincues”, 20/100 derrière Fraser, n'a jamais pu être départagé par la photo-finish et les deux sprinteuses se sont vu attribuer chacune une médaille d'argent. “C'est fantastique, comme ce fut fantastique samedi pour Usain. Hier (samedi), je n'ai pas vu sa course car j'étais dans le bus pour rentrer au village. J'étais anxieuse. Mais quand j'ai su ce qu'il avait fait, je me suis dit que je devais faire pareil”, a expliqué Fraser, en plein progrès depuis deux ans avec un record personnel passé de 11.74 en 2006 à 11.31 l'an passé, jusqu'au 10 sec 78 sur la piste olympique. “En 2006, j'étais au lycée. L'année suivante, je suis partie à l'université aux ?tats-Unis. Mais comme j'étais remplaçante sur le relais aux Mondiaux 2007 (la Jamaïque 2e), j'ai alors décidé de rentrer pour travailler sur les épreuves individuelles”, a expliqué la toute fraîche championne olympique. Fraser a donc entraîné ses copines dans son sillage pour le premier triplé de l'histoire du 100 m féminin, composé de trois jeunes femmes qui n'avaient jamais remporté la moindre médaille internationale en individuel. Ce succès vient sacrer un pays qui a souvent tutoyé l'or, avec ses femmes, sans jamais y toucher, à l'image de Juliet Cuthbert, 2e aux JO-1992, de Merlene Ottey (2e en 1996) et de Tanya Lawrence (2e en 2000). “Beaucoup (de Jamaïcaines) ont été proches de la victoire mais elles n'ont jamais réussi. Nous avions certainement moins d'expérience que nos adversaires mais nous avons gagné”, a ainsi lancé Fraser. Joli clin d'œil à des Américaines en pleine déconfiture, puisque sans médaille pour la première depuis 1982 (exception faite des JO de Sydney en 2000 : Marion Jones avait remporté la course, mais sa médaille lui a été retirée pour dopage). Et pour ajouter un peu plus à leur statut de favorites pour le relais 4x100 m, les Jamaïcaines accueilleront Veronica Campbell, la championne du monde, censée être la meilleure du pays mais qui avait raté sa qualification sur la ligne droite. D'ailleurs quand on leur demande si elles sont favorites pour défendre leur titre du relais, le trio lance d'une même voix un brin arrogante : “Le résultat de ce soir parle de lui-même !” La Jamaïque a pris le pouvoir et ne compte pas le laisser. R. S.