Un autre procès opposant le ministère de la Défense nationale à Liberté devait avoir lieu hier, mais il a été reporté au 31 décembre. Le procès, opposant le ministère de la Défense nationale au directeur du journal El Watan, a eu lieu, hier, au tribunal d'Alger. À l'origine de cette action en justice, un article paru le 22 janvier dernier et jugé diffamatoire par le MDN. L'article, intitulé Le forcing du gendre du général, évoque un bail de location de l'ex-ENAFLA de Béchar, cédé pour la modique somme de 50 000 DA/mois au prof¦t du gendre d'un général, ex-chef de la 3e Région militaire. Lors de l'audience d'hier, les avocats du ministère de la Défense ont même reconnu que l'article en question était à même de donner lieu à des lectures. Ils n'ont pas ainsi remis en cause la véracité de l'information publiée dans le quotidien El Watan. Le collectif de la défense du journal a mis en exergue durant toute la plaidoirie le caractère illogique de la plainte. Maître Bourayou a mis en avant le sacrifice de la presse indépendante durant la dernière décennie, notamment dans son combat quotidien contre l'intégrisme et le terrorisme. “Un général est un homme public dont la fonction est respectée”, a soutenu l'avocat avant d'ajouter que l'information n'aurait pas mérité d'être publiée si elle ne concernait pas le gendre d'un général. Il a, par conséquent, demandé la relaxe du directeur d'EI Watan du fait que l'article ne constituait pas une diffamation à l'égard du MDN. Pour Me Meziane Ali, l'avocat du ministère de la Défense a lui-même avoué que c'est sur la base d'une lecture que la plainte a été introduite. Intervenant à son tour, le directeur d'El Watan, Omar Belhouchet a carrément accusé le ministère de la Défense nationale de s'attaquer à des personnes qui l'ont défendu et qui ont pris position pour l'Algérie durant les années où le terrorisme menaçait les fondements de l'Etat. “Je n'ai jamais vu le MDN s'attaquer à des gens qui ont accusé l'armée d'être derrière les massacres”, a dit Belhouchet pour qui le MDN “mène une campagne contre la liberté d'expression”. Le procureur a demandé 400 000 DA de dommages et intérêts. L'affaire est en délibérée pour le 5 novembre. Une autre affaire, celle opposant le MDN à Liberté a été renvoyée au 31 décembre prochain. Le directeur de publication, Abrous Outoudert, n'avait pas reçu de convocation pour ce procès lié à une caricature d'Ali Dilem, parue le 29 novembre 2001. S. T. Abdelhaï Beliardouh Le terrible destin d'un journaliste • La quarantaine bien sonnée, une famille, des enfants et un métier prestigieux : Abdelhaï Beliardouh a assurément tout pour être heureux. Pourtant... Ce journaliste courage, qui a pris sur lui de croiser le fer avec la faune de trafiquants de tout acabit et de “maffiosis” qui écument sa cité à Tébessa, a fini par craquer faute de n'avoir pas plié devant le diktat de ces intouchables. Correspondant intègre et compétent, Beliardouh voulait s'attaquer, à sa manière, à ses barons qui se croient en terre conquise. Scandale de la BDL à Bir El-Atteur, trafic de drogue et des containers, Abdelhaï gênait tellement d'intérêts qu'il ne pouvait échapper aux griffes de la maffia locale, qui a juré de le mettre “hors d'état de nuire”. Le président de la Chambre du commerce de l'Est, Saâd Garboussi, a eu raison du correspondant. Traîné sur la voix publique en plein centre-ville tel un malfrat, humilié devant sa famille, ses amis et ses collègues de la profession, Beliardouh a malheureusement fini par craquer. Les terribles supplices qu'il a subis ne pouvaient se dissiper sans laisser des traces et des séquelles psychologiques. Les shérifs de Tébessa, cette plaque tournante du trafic et de la contrebande, l'ont terriblement touché dans son amour-propre. Il sombre dans une profonde déprime qui a failli l'emporter. Le téméraire journaliste est tellement atteint qu'il a tenté de se donner la mort en avalant de l'acide dans la même chambre où il a l'habitude de s'enfermer pour lire jusqu'à une heure tardive, nous dit son rédacteur en chef. À présent, il est en observation à l'hôpital Mustapha-Bacha, dans le service de réanimation — à peine capable de baragouiner quelques mots — en attendant le diagnostic des spécialistes. Quel terrible sort pour un journaliste coupable d'avoir dit la vérité. Rien que la vérité. H. M.