Des paroles à l'acte, il n'y a eu qu'un pas, que Khoudir Aggoune n'a pas hésité à franchir à Pékin en refusant de s'aligner au départ du 10 000 m. L'enfant de Souk El Tenine (Béjaïa) lance un véritable défi à la Fédération algérienne d'athlétisme. Estimant qu'il n'avait rien à faire sur cette distance, car s'étant préparé pour le 5 000 m, avec comme objectif d'être finaliste, le sociétaire du Groupe sportif des pétroliers (ex-MCA) avait avisé par écrit la FAA qu'il ne s'alignera pas sur le 10 000 m aux jeux Olympiques, d'où la question de savoir pourquoi les responsables de la Fédération algérienne d'athlétisme ont dépêché Ali Saïdi-Sief pour courir le 5 000 m avec le minima B. Cette affaire, qui est une première du genre, constitue un grave précédent et un scandale retentissant pour l'athlétisme algérien, qui n'avait pas besoin de cela au moment où cette discipline est au creux de la vague. Les éliminations successives de nos athlètes dans ces jeux Olympiques, particulièrement celles de Tarek Boukensa et Antar Zerguelaïne dans le 1 500 m alors qu'ils étaient annoncés comme potentiellement médaillables, démontrent que les responsables de la FAA n'arrivent pas à assurer la relève des Noureddine Morceli, Hassiba Boulmerka, Saïd-Guerni Aïssa Djabir et autre Bénida-Merah. Toute la responsabilité incombe aux dirigeants de la FAA, qui doivent fournir les explications de cette gestion catastrophique, d'autant plus le directeur technique national, Ahmed Boubrit, désigné comme chef d'équipe du groupe athlétisme, a rebroussé chemin à l'aéroport international d'Alger alors qu'il s'apprêtait à rallier Pékin pour se charger de la gestion des athlètes représentant l'Algérie à ces jeux. Il y a anguille sous roche. À travers l'engagement de Saïdi-Sief, la FAA voulait-elle seulement grossir le nombre de ses représentants, sans tenir compte des conséquences de tels agissements ? Pour rappel, la décision de ne pas prendre part à ce 10 000 m nous avait été annoncée par son entraîneur, Hocine Boukendoul, dans l'entretien paru dans notre édition de dimanche qu'il avait accordé par téléphone à partir de son lieu de résidence à Souk El Tenine. Ceci étant, par cette décision, l'athlète s'expose aux foudres de la FAA, qui ne passera certainement pas sous silence cette affaire très grave, qui jette le discrédit sur l'instance fédérale et sur toute la discipline. Cette dernière est appelée à faire toute la lumière sur ce dossier et délimiter les responsabilités des uns et des autres. Il faut surtout prendre les mesures qui s'imposent en toute lucidité. Il appartient à la tutelle d'ouvrir une enquête sur cette affaire, pas nette du tout, qui vient ternir le blason du sport algérien. Pour information, les relations entre Khoudir Aggoune et Ali Saïdi-Sief n'ont pas été altérées par cette affaire, comme nous l'a confirmé le premier nommé. Saïd-Sief avait également insisté sur ce point en mettant en exergue la relation d'amitié liant les deux hommes. Il n'en demeure pas moins que l'image de marque de l'Algérie a pris un coup. Beaucoup de journalistes étrangers nous ont harcelés de questions pour comprendre cet imbroglio, que nous avons été incapables d'expliquer. K. A.