RESUMé : Abdou et Samir se rendent auprès de Besma. Elle est en larmes et après l'avoir réconfortée, Abdou la renvoie à la maison. Il attend Salim et lui reproche sa conduite. Ce dernier tient Besma pour responsable du mauvais fonctionnement du bureau. Abdou lui aurait donné une raclée si le gardien n'était pas intervenu… 21iéme partie -Comment ça s'est passé ? demande Djamila. - J'ai été clair, répond-il. Il doit avoir compris que s'il s'en prend encore à elle, il aura affaire à moi. - Le vaurien ! Si un jour je tombe sur lui, il va m'entendre. - Je suis là pour régler le problème, lui affirme son mari. Il ose encore se frotter à elle, il verra de quel bois je me chauffe. - La petite est dans tous ses états. J'ai de la peine pour elle, dit Djamila, prête à fondre en larmes. - Je vais discuter avec elle. Ils se rendent à sa chambre. Besma est étendue, les yeux fermés. Elle ne dort pas mais le fait de garder les yeux fermés l'empêchent de verser des larmes. - Tu crois qu'elle dort ? demande Abdou. - Je ne dors pas, répond Besma en se redressant doucement pour s'asseoir au bord du lit. Son père tire la chaise du bureau et s'assoit en face d'elle. - Ça va mieux ? - Oui. - Je voulais te demander depuis quand il est comme ça ? - Je ne sais plus. Il y a longtemps, répond-elle. - Pourquoi ne nous l'as-tu pas dit ? Besma ne répond pas tout de suite. - J'avais peur. - Peur de qui ? - Je n'osais pas vous raconter, dit-elle. De peur de ne pas être comprise. Il critiquait ma façon de m'habiller, de me tenir. Il me rabaissait tout le temps, même devant les clients. Djamila frappe entre ses mains. Si elle le pouvait, elle le réduirait en cendres. Ce bon à rien torturait leur fille à leur insu. Maintenant qu'elle est au courant de ce qu'il lui faisait endurer, elle ne peut s'empêcher de l'insulter et de lui souhaiter bien des choses. - Je ne savais pas quoi faire. J'ai parfois peur de lui. Il aboie plus qu'il ne mord, tente-t-elle de les rassurer. - Comment lui faire confiance après ce qu'on sait maintenant ? demande Djamila à son mari. On ne peut pas la laisser travailler là-bas. - Dans tous les services, il y a des responsables qui rabaissent les employés, les insultent, réplique Abdou. Elle continuera à travailler. À quoi cela lui servira de rester à la maison ? À rien. - Vois dans quel état il l'a mise. - Je sais et je le vois. Le mieux pour elle est de l'affronter sur le terrain, réplique-t-il. Elle a notre soutien et je vais lui acheter un portable. S'il y a quoi que ce soit, elle m'appellera et je serai auprès d'elle dans le quart d'heure qui suit, promet-il. Tu comprends ? Il ne faut pas abandonner ! - Oui. Je me sens mieux maintenant que je me suis confiée à vous. Sa mère la serre dans ses bras et lui essuie ses larmes. - Dès aujourd'hui, je vais te chercher un autre travail, décide-t-il. Tu ne resteras pas longtemps là-bas. - Moi aussi, je chercherai. Mais, en attendant, comment vais-je faire ? Abdou lui propose d'écrire un rapport. - J'en ai envoyé un hier soir, lui rappelle-t-elle. - Pour dénoncer l'acte illicite ? Non, cette fois, ce sera pour leur décrire dans quelle ambiance tu travailles. Tu as subi un harcèlement moral, ils doivent le savoir ! - Ah… Pour leur éviter bien d'autres soucis, elle ne leur a pas raconté comment il s'y prenait pour la toucher, la sentir. Quand, sur ses gardes, elle trouvait une excuse pour s'éloigner de lui, il devenait furieux et là, ses cris, ses insultes lui reviennent. Elle les entend encore. Si elle peut se plaindre de harcèlement moral, elle le fera sans hésiter. Les conseils de l'avocate lui reviennent. Même s'il s'agit, dans le fond, d'un harcèlement sexuel, elle n'ose pas en parler. Pas maintenant. Elle craint leur réaction et celle de son ami. Il était prévu qu'ils déjeunent ensemble. Qu'allait-il penser de son absence ? Allait-il se rendre au bureau ? Elle espère que non. Car si Salim ose dire un mot de travers, elle sait que son ami a un tempérament bagarreur et qu'il n'hésitera pas à user de la force pour lui enfoncer dans le crâne les bonnes manières… A. K. (À suivre)