C'est une première dans l'histoire de l'athlétisme national. En effet, contre toute attente, l'Algérie aura deux représentants dans une finale olympique. Manseur et Madi s'aligneront aujourd'hui à 19h30 (12h30 à Alger) avec l'espoir de monter sur le podium. lors que les ténors de la distance, Borzakovskiy, Mulaudzi et autre Kaki, meilleur performeur de la saison, sont sortis la tête basse, les Algériens Manseur et Madi ont gagné le droit de postuler à une médaille. Pourtant, ils n'étaient pas nombreux à miser sur leurs chances de se qualifier. Leur volonté de fer et leur détermination à démontrer qu'ils n'étaient pas de simple faire-valoir ont fini par avoir raison de leurs adversaires les plus coriaces, notamment les favoris en puissance de cette distance. En dépit de son manque d'expérience, tout juste 20 ans, et de moyens pour se préparer, Manseur Nadjim n'a pas eu froid aux yeux face aux favoris de la série, notamment le vice-champion olympique sud-africain Mulaudzi Mbulaeni. Sans complexe, il a géré sa course comme un chevronné pour se retrouver dans la dernière ligne droite dans une position lui permettant d'arracher une quatrième place, synonyme de qualification au temps. Manseur a réussi à éviter de se faire enfermer pour ensuite lancer son sprint. Il a dû attendre la fin de la troisième série pour savoir qu'il faisait désormais partie des huit meilleurs mondiaux du 800 m. Cette qualification, il la doit en partie à son coéquipier Nabil Madi, qui a admirablement géré la dernière série. Prenant les rênes de la course dès le début, il lui a imprégné son propre rythme, qui déboussola complètement le favori en puissance, en l'occurrence le Soudanais Kaki Abubaker. Ce dernier, auteur de la meilleure performance mondiale de la distance ne parvint à aucun moment à troubler la sérénité de Madi. Pis, il terminera bon dernier dans un chrono relativement faible de 1'49''19. Entre-temps, notre représentant, avec des temps de passage de 52''24 au 400m, et 1'19''43 au 600 m, a bien contrôlé la course pour l'emporter en 1'45''63. Un chrono, qui a fait son bonheur et celui de son jeune camarade Manseur Nadjim, lequel avec ses 1'45''54 se voit propulsé en finale. Le rêve est devenu réalité. Le plus dur a été fait jeudi soir. Aujourd'hui, que les favoris de l'épreuve, à l'exception du Kényan Bungei, ont été sortis, la finale est ouverte. Madi Nabil et Manseur Nadjim n'ont rien à perdre, mais tout à gagner. C'est l'occasion ou jamais de s'illustrer. Les deux athlètes algériens doivent croire en leurs chances, car elles sont réelles, de l'avis même des spécialistes du demi-fond. à vingt-huit ans, Madi a atteint un stade de maturité, qui devrait lui permettre de dire son dernier mot dans cette finale. Quant au jeune prodige, Manseur, sa présence à ce stade de la compétition constitue déjà une satisfaction, le reste sera un bonus. S'il parvient à reproduire une de ses deux précédentes courses, il peut prétendre à une place sur le podium. Ceci étant, une source digne de foi, nous apprendra que sauf entente entre les deux athlètes, une course tactique coordonnée n'est pas envisageable. Ayant chacun son entraîneur, Amar Brahmia et le Français d'origine marocaine, Hassan Al-Idrissi, Madi et Manseur chercheront chacun à sa manière de dire leur mot dans cette finale de rêve pour les Algériens, qui ne s'attendaient certainement pas à être représentés de cette façon. Une sortie honorable pour l'athlétisme algérien, qui a collectionné les échecs à Pékin, n'est pas à exclure. On ne la devra cependant qu'à la seule volonté des deux qualifiés, qui n'ont bénéficié que du strict minimum, voire rien pour Manseur Nadjim. Le mérite leur revient à eux seuls, et qu'on ne vienne pas, en cas de médaille, dire qu'on a contribué à leur réussite.