C'est une situation vraisemblablement des plus délicates que vivent, depuis plus d'un mois, les travailleurs de l'entreprise privée Frigor, sise dans la zone industrielle de Oued Aïssi, dans la wilaya de Tizi Ouzou. À leur retour des congés en juillet dernier, les travailleurs de l'entreprise apprennent, à leur grande surprise, que l'unité Frigor de Oued Aïssi est fermée et qu'ils sont mis donc expressément en congé technique pour un autre mois rémunéré bien évidemment à 50% du salaire. Avec cette décision, les déboires de plus d'une soixantaine de travailleurs ne font en réalité que commencer puisque, avant la fin de cette période, une proposition leur sera faite. Soit d'accepter le licenciement ou d'opter pour un départ volontaire avec une indemnité d'un salaire pour chaque année d'activité. Une proposition refusée par les travailleurs qui ont invité le premier responsable de Frigor à négocier avec la section syndicale de l'unité qui a formulé la revendication consistant à indemniser les travailleurs à raison de 6 mois pour chaque année d'activité, pour accepter la résiliation du contrat de travail. Mais contre toute attente, une autre proposition sera faite aux travailleurs. Elle consiste à rejoindre les autres unités de Frigor à Alger dans le cadre d'“un redéploiement du personnel de l'unité de Oued Aïssi vers Alger”. Là aussi, les travailleurs, par le biais de leur section syndicale, émettent une série de revendications, à savoir la prise en charge des frais de déplacement, de restauration et d'hébergement. Dans un procès-verbal d'une réunion au niveau de l'inspection du Travail de Tizi Ouzou, il est clairement noté qu'après l'échec des négociations internes, des difficultés dans l'amorce d'un dialogue social serein sont relevées. Ainsi, l'inspection du Travail a insisté sur le nécessaire respect du contenu du dispositif de préservation de l'emploi et des procédures de prévention et de règlement des conflits collectifs de travail. Mais la situation étant restée inchangée, les travailleurs ont décidé de porter leur cas devant les juridictions compétentes. Au-delà du cauchemar que vivent ces travailleurs, le cas de Frigor pose au moins deux problématiques, à savoir celle de la relation de travail souvent fragile entre l'employé et l'employeur privé, et aussi celle du départ en série des entrepreneurs privés de la wilaya de Tizi Ouzou vers d'autres régions du pays, et ce, au moment où les investissements dans cette wilaya sont de plus en plus rares. Samir LESLOUS