Le chef de l'Etat appelle de nouveau à la lutte contre la fraude fiscale et douanière. Le Conseil des ministres a adopté le projet de loi de finances pour l'année 2009. Dans son volet budgétaire, le texte se caractérise par un cadrage effectué sur la base d'un baril de pétrole à 37 dollars, une croissance d'un niveau de 4,1% (6,6% hors des hydrocarbures), une inflation de 3,5, et enfin des importations estimées à 34 milliards de dollars. “Les importations se sont dangereusement emballées”, a relevé le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, lors de l'examen de la loi. En effet, le trend haussier des importations de biens entre 2003 et 2007, avec une relative pause en 2006, est un autre phénomène qui caractérise la balance courante, notamment en 2007 où le taux de croissance en la matière a été de 27,4%. Le niveau des importations a ainsi atteint 26,35 milliards de dollars contre 20,68 milliards de dollars en 2006 et 13,32 milliards de dollars en 2003. Le fonctionnement de l'économie algérienne dépend exclusivement de l'extérieur, ce qui, en plus de sa dépendance des prix des hydrocarbures, renforce sa vulnérabilité. Mais la hausse des importations s'explique aussi par la faiblesse de la production nationale, qu'il faudrait renforcer. D'autant qu'avec la résurgence de l'inflation mondiale, l'inflation importée prend une part accrue dans l'évolution de l'indice des prix à la consommation au niveau interne. Ainsi, et malgré l'effort soutenu de la Banque d'Algérie en termes de reprises de l'excès de liquidités bancaires, l'inflation par les coûts est en hausse. Le président de la République appelle au renforcement “de la lutte contre les différentes formes de fraudes fiscales, douanières et autres qui font perdre à l'Etat d'importantes recettes au bénéfice des milieux parasitaires, pour ne pas dire maffieux”. M. Abdelaziz Bouteflika souligne la nécessité de freiner le gaspillage des ressources financières du pays. “La dépense budgétaire doit également être rationalisée pour mettre un terme aux abus et aux programmations aléatoires”, ordonne le chef de l'Etat qui relève que les retards dans la réalisation des programmes d'investissements publics ont déjà coûté, au Trésor public, d'importantes réévaluations. “Le budget public a désormais atteint des montants très lourds par rapport aux moyens réels du pays”, indique le premier magistrat du pays. Les dépenses retenues pour l'année 2009 représentent l'équivalent à 80 milliards de dollars, et le seul budget de fonctionnement équivalent à 40 milliards de dollars. “Certes, le budget de l'année prochaine sera financé sans difficulté du fait des ressources disponibles au niveau du Fonds de régulation des recettes, d'autant que le remboursement de la dette extérieure pour lequel il a été institué est désormais quasiment parachevé. Mais cela ne doit pas faire illusion ni pour le gouvernement ni pour la population, car les hydrocarbures ne sont pas inépuisables et leurs prix ne dépendent pas de notre pays”, souligne le président Bouteflika. “Tout cela interpelle la collectivité nationale, et les pouvoirs publics en premier lieu, pour augmenter la production de richesses autre que les hydrocarbures en encourageant l'investissement dans tous les secteurs productifs”, ajoute le chef de l'Etat. Pour autant, le président de la République précise que la rationalisation des dépenses publiques et la lutte contre le gaspillage ne signifient pas à ses yeux “l'austérité ni dans la dépense de développement judicieusement engagée, ni encore moins au détriment de la population, notamment des travailleurs et des couches défavorisées”. Force est de constater que le programme d'équipement public n'a pas eu grand impact, du moins pour le moment, sur la population algérienne. Tant l'industrie, l'agriculture que les services souffrent d'un grand déficit en investissements. Ouvrir la voie à la reconquête du marché intérieur, mais aussi à la conquête de marchés extérieurs, en économie ouverte, passe entre autres par la fabrication de champions publics et privés. M. R.