Cinq soldats US ont été tués depuis lundi dans des attaques contre les installations américaines en Irak. Les militaires irakiens, privés de leur solde à la suite de la dissolution de l'armée, seraient derrière ces actions. Ce qui n'était qu'une simple menace, est devenu réalité. Des attaques à l'explosif ont ciblé depuis lundi des positions militaires américaines. Les soldats irakiens avaient manifesté le jour même à Bagdad, en signe de protestation contre les décisions prises par l'administrateur civil américain, Paul Bremer, de dissoudre l'armée irakienne composée de 360 000 hommes et de supprimer la solde des militaires. Des menaces ont émané du colonel Ahmad Abdallah qui a déclaré : “Si notre situation n'est pas réglée, nous menaçons de prendre les armes.” “Nous sommes des militaires habitués au combat et nous avons des candidats au martyre”, a-t-il ajouté, avant de conclure sur un ton plus menaçant encore : “Nous récupérerons par la force ce que nous avons perdu par la force.” Ainsi, ils n'ont pas tardé à passer à l'acte, à en croire les témoignages sur les attaques qui ont ciblé les soldats américains. Selon des officiers américains témoins de l'explosion du véhicule militaire US sur la route de l'aéroport de Bagdad, qui a fait un mort et trois blessés, la voiture a été attaquée à l'explosif par un inconnu qui a réussi à prendre la fuite bien que blessé. A Haditha, 190 km au nord-est de Bagdad, un soldat américain a été tué et un autre blessé dans l'attaque de leur convoi. Hier à Falloujjah, qui a été le théâtre de heurts sanglants fin avril au cours desquels seize Irakiens avaient été tués par des soldats américains lors de la répression d'une manifestation antiaméricaine, une nouvelle offensive a visé une position US, faisant un GI tué et sept autres blessés. D'après le commandant central US, l'attaque a été menée à partir d'une mosquée de la ville. Ces faits se produisent au moment où les décisions de l'administrateur désigné par la maison-blanche sont de plus en plus contestées. Un responsable de l'assemblée suprême de la révolution islamique en Irak a sévèrement critiqué la décision des forces de la coalition de désarmer la branche militaire dénommée “brigade Badr” et composée de 2 500 hommes, qui était basée en Iran. Le décret de Bremer stipule la dissolution de toutes les milices irakiennes armées, à l'exception des factions kurdes du nord de l'Irak. Cette exemption a provoqué la réaction indignée de l'ASRII, qui estime que l'interdiction doit s'appliquer à toutes les milices. Dans sa déclaration, le numéro un de ce parti chiite justifie sa colère par le non-respect par les Américains d'un accord prévoyant l'incorporation de leurs milices dans la nouvelle armée irakienne, qui doit être formée prochainement. Une chose est cependant sûre, le sentiment anti-américain commence à prendre de l'ampleur et la contestation va en s'amplifiant, car les décisions de l'administration dirigée par Paul Bremer accentuent la tension parmi la population irakienne livrée à elle-même. Les Américains ont intérêt à faire preuve de vigilance surtout que la transition “sera longue et difficile” comme l'a annoncé hier le secrétaire d'Etat US à la défense, Donald Rumsfeld au Wall Street Journal. Sur un autre plan, les Etats-Unis ont accepté le retour des experts de l'agence internationale de l'énergie atomique en Irak. Un groupe de sept inspecteurs est attendu vendredi à Bagdad. K. A.