La faillite de la banque d'affaire Lehman Brothers, l'un des fleurons de Wall Street, fait craindre une contagion de la crise financière, peut-être la pire depuis un siècle, à l'ensemble du système bancaire américain, voire mondial. Lehman Brothers a annoncé, hier, qu'elle se plaçait sous la protection de la loi américaine sur les faillites, dans l'espoir de se restructurer, tandis qu'un autre grand nom de la finance menacé de banqueroute, Merrill Lynch, est racheté par Bank of America. “C'est un choc”, a déclaré la ministre française de l'Economie Christine Lagarde. C'est “un événement qui se produit une fois tous les cinquante ans, probablement une fois par siècle”, a renchéri Alan Greenspan, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine, Barack Obama, parle, lui, de crise “la plus grave depuis la Grande dépression”. Pour Elie Cohen, professeur d'économie à Sciences Po Paris et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), “on est en plein saut dans l'inconnu car c'est la première fois qu'on voit une banque majeure faire défaut”. On est “dans un scénario catastrophe au ralenti depuis plus d'un an”, vu la quasi-paralysie du marché interbancaire, la remontée des taux d'emprunt et le brutal ralentissement des économies occidentales, constate Michel Aglietta, professeur d'économie à l'Université de Nanterre (près de Paris).