Plusieurs frappes en une semaine contre des oléoducs au Nigeria. Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend) est entré en guerre contre les autorités nigérianes et les pétroliers opérant dans le delta du Niger. Le mouvement qui revendique une redistribution plus équitable des revenus de la manne pétrolière répond également, selon ses chefs, à l'opération de l'armée régulière sur ses positions. Les forces armées du Nigeria ont mené des frappes aériennes et maritimes sur les positions du groupe rebelle. La guerre du pétrole se déroule dans l'Etat de Rivers, au sud du Nigeria, où les attaques se multiplient. Après avoir revendiqué hier une deuxième attaque contre un oléoduc appartenant au groupe anglo-néerlandais Shell, le Mend affirme avoir fait deux jours avant un important oléoduc des compagnies Shell et Agip. Le groupe promet de continuer “à grignoter” chaque jour l'infrastructure pétrolière du Nigeria jusqu'à ce que les exportations pétrolières arrivent à zéro. La production pétrolière a baissé de 25% en deux ans à cause du conflit. La guerre du pétrole dénommée “Ouragan Barbossa” a commencé la semaine dernière. La violence et l'instabilité dans cette région durent depuis deux ans. Depuis, attaques et enlèvements de cadres pétroliers se sont succédé. Conséquence, le Nigeria a perdu un quart de sa production quotidienne. Selon les chiffres publics, la production actuelle de ce pays oscille entre 1,8 et 2 millions de barils par jour, alors qu'en 2006, elle avoisinait 2,6 millions de barils par jour. L'ambition des autorités nigérianes d'atteindre 4 millions de barils par jour en 2010 semble désormais difficile en raison des multiples conflits. Le Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique, va céder incessamment sa place à l'Angola, le nouvel eldorado pétrolier de l'Afrique. Et visiblement, le Mend dispose de moyens logistiques et militaires assez importants pour ruiner l'industrie pétrolière comme il l'avait promis. Le Mend ajoute également qu'il va s'en prendre aux pétroliers et méthaniers étrangers qui s'approchent du delta et leur conseille de mouiller en haut de mer ou de changer de cap. Cet avertissement est d'autant plus à prendre au sérieux qu'en juin dernier, il a attaqué une très importante installation de production du géant anglo-néerlandais Shell… à 120 km de la côte au sud de Lagos. Le Mend affirme se battre pour les populations pauvres du delta du Niger qui fournit à lui seul près de 90 % des devises du pays, soit des revenus estimés à 200 milliards de dollars. Le groupe rebelle réclame une redistribution équitable en faveur de la majorité de cette population qui vit avec moins d'un dollar par jour. Le mouvement affirme qu'il va continuer ses opérations jusqu'à ce que le gouvernement comprenne que la solution pour apporter la paix dans le delta du Niger passe par la justice, le respect et le dialogue. Pourtant en mai, à l'occasion de son premier anniversaire à la tête du pays, le président Umaru Yarladua avait annoncé un sommet sur le delta du Niger au maximum dans huit semaines, sommet qui n'a jamais eu lieu. Et dernièrement, il a annoncé la création d'un ministère consacré au développement et à la pacification de cette région, une initiative immédiatement tournée en dérision par le Mend qui n'y voit qu'un moyen de plus pour la corruption et le favoritisme politique. D. B.