Mis à l'arrêt depuis une dizaine de jours, le haut fourneau du complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar devrait être remis en exploitation dans les prochaines 48 heures. Mis à l'arrêt depuis une dizaine de jours, le haut fourneau du complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar devrait être remis en exploitation dans les prochaines 48 heures. Tels sont les délais nécessités par les travaux portant changement du gueulard et réalisés par des techniciens étrangers dont des Russes. Achevée, la mise en place du gueulard permettra d'augmenter la capacité de production de l'acier liquide de l'installation. Elle passera de 2 400 à 3 000 tonnes jour. Selon nos sources, ces travaux planifiés depuis plusieurs mois par la direction générale n'entrent pas dans le cadre du plan quinquennal d'investissement du montant de 500 millions d'euros. Il s'agirait du plus important engagement financier que le groupe ArcelorMittal leader mondial du fer et de l'acier a entrepris dans une de ses filiales depuis son avènement. Et c'est celle en Algérie qui en bénéficiera pour rénover toutes ses installations de production de l'acier au complexe sidérurgique El Hadjar et, éventuellement, des deux autres filiales de Tébessa pour les mines et de la Tuberie sans soudure. Approuvé par les deux groupes associés Sider et ArcelorMittal Annaba ce dernier mois de février, ce plan doit préalablement avoir l'aval des pouvoirs publics algériens pour sa mise à exécution. C'est dans ce cadre que s'est récemment tenue au siège du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI) à Alger, une réunion sous la présidence du premier responsable de l'industrie algérienne. A l'ordre du jour, les suites à donner à la lettre d'intention de reconduction du partenariat, la demande de remboursement des 3 milliards DA et le plan d'investissement que l'associé franco-indien avait officiellement remis au MIPI. Le ministre sera d'autant plus attentif qu'il aura à décider de l'apport de l'Etat algérien, sous une forme ou une autre, dans le financement du plan d'investissement. Attentif aussi parce que le budget 2011 de la société ArcelorMittal Annaba prévoit la prise en charge de différents problèmes sociaux professionnels. C'est le cas entre autres de la prime de commandement à accorder aux salariés non cadres exerçant une responsabilité. De l'indemnité d'expérience professionnelle. De la revalorisation des salaires. Des aspects sur lesquels le syndicat de l'entreprise serait intransigeant. Il l'a démontré lors des dernières discussions avec l'employeur. Et lorsque ce partenaire social avance sur l'échiquier des pions comme la fiabilité sociale et la mise en œuvre du plan industriel 2011/2015, l'attention du ministre n'en sera que plus grande. Tout ce remue-ménage vient à point pour permettre à chaque associé et acteur de mieux peaufiner les dispositions du contrat de reconduction du partenariat Sider/ArcelorMittal. L'on évitera ainsi le naufrage complet de la sidérurgie nationale qui, durant la dernière décennie, perdait chaque année 20% de sa production et de ses effectifs. Une conséquence de la crise socioprofessionnelle qui n'en finit pas. Elle a acculé à maintes reprises l'employeur à jouer au pompier pour éviter le pire. La demande d'aide financière qu'il a adressée au gouvernement algérien pour le financement du plan d'investissement en est révélatrice. Cette aide peut être considérée comme étant un ballon d'oxygène à même de sauver la société mixte dont le capital social est à 70% sous le contrôle du franco-indien. Lors de la prochaine réunion dont la date n'a pas été précisée, Vincent le Gouïc, le directeur général ArcelorMittal Annaba, négociera certainement avec les responsables algériens, de la réduction voire des exonérations sous diverses formes des charges sociales et fiscales (suppression de la taxe professionnelle, prime à l'investissement, allègement des charges parafiscales…). En fait, si Benmeradi, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements semble un peu plus disposé que ses prédécesseurs à donner un coup de pouce à ArcelorMittal pour l'empêcher de couler corps et biens, c'est parce qu'il a été sensibilisé par un rapport explosif. Il lui aurait été adressé, via la centrale syndicale UGTA, par Smaïl Kouadria, l'actuel secrétaire général du syndicat de l'entreprise. Ce rapport tirait la sonnette d'alarme et invoquait les risques d'une disparition quasi complète de la sidérurgie algérienne d'ici à quelques années. Les mêmes risques auraient été également soulignés par des économistes. Ces derniers ont estimé nécessaire une politique de reconquête à travers le plan d'investissement qui impose la mobilisation de 500 millions d'euros. En tout cas, premier signe de cet esprit de reconquête, la direction générale ArcelorMittal l'a déjà démontré en engageant l'achat et la mise en place d'un nouveau gueulard au haut fourneau. Cependant, d'autres économistes estiment que même avec une politique plus généreuse du Trésor algérien, des amputations d'avantages socioprofessionnels acquis sont incontournables. Ce contre quoi sont farouchement opposés les syndicalistes. A. Djabali