C'est une nouvelle opération à peine voilée contre le pouvoir d'achat des couches populaires - loin de concerner le salaire décent - qui sont littéralement touchées de plein fouet par la nouvelle hausse des prix des produits de première nécessité, ainsi que par la folie de la mercuriale des fruits et légumes, qui connaît une hausse vertigineuse, et ce, depuis le mois de mars dernier. Subséquemment, des pratiques de concurrence inacceptables et surtout déloyales sont observées et pratiquées sur des consommateurs sans protection. Dans cette nouvelle grille des prix imposés, et ce, devant l'indifférence totale des responsables concernés par ce grave problème de flambée inflationniste qui, d'ailleurs, commence déjà à faire sortir de leurs gonds les ménages sans ressources, les smicards et autres fonctionnaires qui n'ont encore rien vu venir des revalorisations des traitements promises par les pouvoirs publics. Dans ce contexte de l'alpha et l'oméga de l'inaction des pouvoirs publics qui ont choisi de garder le silence ou, selon plusieurs personnes rencontrées ou approchées sur la question pertinente de la hausse des prix, qui d'ailleurs, commencent sérieusement à occuper le devant de la scène sur les différentes agoras du chef-lieu, diront en ces termes, et à l'unanimité : « Il ne faut pas être un spécialiste en économie ni un haut responsable de l'Etat pour nous berner avec des discours de salons feutrés. De qui se moque-t-on en effet ? Surtout, sur le fond, que le gouvernement actuel continue de ne donner aucune suite à ses nombreuses promesses. La revalorisation colossale des salaires des fonctionnaires de l'Etat, personnel dit à solde globale, et d'autres travailleurs du secteur pétrochimique a encouragé les divers intervenants et autres barons intouchables sur la scène à mettre la main à la pâte des additions et autres soustractions dans les divers prix qui touchent les malheureux consommateurs. Comment voulez-vous faire comprendre à des mandataires, aux gros bras des halles centrales, importateurs et autres grossistes que ce n'est pas tout ce beau monde qui touche 60 000 dinars et plus ? Difficile de chiffrer si on ajoute les rappels à la pelle et on voit la conjoncture aujourd'hui avec la hausse vertigineuse des prix qui ne cessent de grimper vu cette incroyable masse salariale ambulante qui se chiffre à des milliards. » Les heureux fonctionnaires de l'Etat providence peuvent déjà sourire, mais la plupart des populations de la troisième couche de la société algerienne, cette majorité silencieuse, sont inquiètes quant à cette énième flambée agencée des prix sur le marché. Celles-ci redoutent, en effet, l'inaction des pouvoirs publics sur la question délicate des nouveaux prix affichés par la plupart des commerçants, d'autant que les promesses du ministre du Commerce, qui à chaque hausse des prix, d'ailleurs « crie » sur le toit de notre unique télévision, ne produisent pas toujours les effets escomptés par les smicards et les fonctionnaires, qui touchent à peine 20 000 dinars, qui ne parviennent pratiquement jamais à joindre les deux bouts. En effet, malgré les mesures coercitives et dissuasives et les promesses non tenues de maîtriser le marché, rien ne s'est matérialisé sur le terrain. Ces mesures, déjà largement diffusées, ne devraient être discutées qu'au prochain Conseil des ministres, qui, paraît-il, aura lieu après la prochaine rentrée sociale. Le ministre du Commerce, qui est de bonne foi, devrait ouvrir les yeux sur le monde réel des transactions : tout a augmenté au marché. La raison pousse à dire que cela est allé trop loin. Pour quelle raison ? La raison morale ? Oui. En tout cas, tout semble indiquer qu'une nouvelle crise sociale pointe à l'horizon. Quand la politique est impuissante à empêcher de telles iniquités, de telles inégalités, au moins devrait-elle les atténuer pour les plus vulnérables d'entre nous. Alors l'opinion se tourne vers les symboles d'impunité et d'injustice. Nous y sommes. Les pouvoirs publics qui ont la destinée de ce pays entre les mains devraient ouvrir les yeux sur le monde réel et le comprendre d'eux-mêmes. Au niveau de l'unique halle centrale du chef-lieu, située au nord-ouest de la ville, les quelques mandataires rencontrés lundi dernierse ont choisi de ne pas nous répondre, nous recommandant de nous adresser plutôt à ceux qui gardent les complexes et autres chambres «frigorifiques», subventionnés par l'Etat providence, disséminés à travers le territoire de la wilaya, et qui se chiffrent à plus de 150 chambres. L'anarchie qui règne dans la wilaya de Mascara est essentiellement causée par l'augmentation des prix qui est principalement le fait des intermédiaires qui stockent dans ces fameuses chambres froides, c'est-à-dire dans le cadre de l'appui aux profits des gros fellahs, des quantités importantes de pommes de terre, d'oignons, d'oranges, de pommes et même de bananes pour que leurs prix augmentent. Les exemples ne manquent pas dans ce contexte néfaste, d'ou l'absence des services concernés de l'Etat, qui sont pourtant grassementt rémunérés. « A chaque hausse des prix des fruits et légumes, c'est une armada de contrôleurs des prix, de journalistes et autres correspondants de presse qui nous assaillent de toutes parts, ce qui parfois nous fait regretter d'avoir choisi cette profession de mandataire. On n'est pas ici pour enfreindre la loi, on ne fait qu'appliquer notre marge bénéficiaire, qui est loin d'être préférentielle », s'insurge un mandataire. (A suivre) Manseur Si Mohamed