Faire le change de devises dans les banques afin de voyager devient de plus en plus difficile pour certains et impossible pour d'autres, puisque ces institutions qui devraient servir le citoyen et œuvrer pour l'économie nationale mettent des conditions draconiennes, encourageant, ainsi, le marché parallèle. Faire le change de devises dans les banques afin de voyager devient de plus en plus difficile pour certains et impossible pour d'autres, puisque ces institutions qui devraient servir le citoyen et œuvrer pour l'économie nationale mettent des conditions draconiennes, encourageant, ainsi, le marché parallèle. Des citoyens se plaignent de la difficulté d'obtenir leur droit de bénéficier d'une opération de change annuelle et ce, même s'ils sont à quelques heures d'un voyage vers des pays où l'euro est la seule monnaie. On s'est souvent plaint de la bureaucratie et du manque de professionnalisme constaté dans certaines banques avec toutes les exigences pour avoir droit au change (horaires, journées), alors que ces opérations peuvent se faire en quelques minutes seulement du moment où le citoyen présente son passeport et ses justificatifs de voyage, lesquels ne sont même pas nécessaires puisqu'il a le droit à faire son change annuel quand il veut. Ces derniers jours, beaucoup se plaignent des comportements des banquiers et racontent que certains les ont même orientés vers le marché parallèle des devises pour le change. Difficile à croire ! A l'occasion d'un déplacement de travail à l'étranger et en voulant vérifier ces accusations, ne serait-ce que dans les agences bancaires d'Alger-Centre, nous avons été «choqués» par l'amère réalité ; des réponses variables mais qui ne font que décourager celui qui veut se rapprocher d'une banque. A 10h, nous nous sommes rendus à la Banque extérieure d'Algérie (BEA), rue Didouche-Mourad. Au guichet de change, des personnes attendaient alors que d'autres demandaient des explications, en vain. «Bonjour, Monsieur, voilà mon passeport et mon billet pour effectuer le change en devises», avons-nous demandé au caissier et à son collègue se trouvant au guichet. Le premier répond que ce ne sera pas possible pour cette journée parce qu'il y a toujours «des imprévus telles une absence ou maladie» comme si on avait à faire à une personne «indispensable» et non à une institution. Nous lui répliquons que ce n'est pas une excuse pour pénaliser les citoyens. Les deux employés sont catégoriques : «Nous ne faisons pas de change parce que nous n'avons pas de petite monnaie, alors si vous voulez qu'on le fasse, ramenez-nous des billets de cinq euros.» Quand il nous nous oriente vers le marché parallèle de Clauzel pour acheter les cinq euros afin de prendre 140 euros (parce qu'on perçoit actuellement 135 euros au change), c'est le choc ! Une cliente nous donne l'adresse exacte d'un vendeur de devises. Quelle déception de voir une institution étatique d'une telle importance se comporter de cette manière ! Finalement, ça vaut le coup de suivre cette histoire jusqu'au bout. Nous sommes au marché Clauzel en quelques minutes, et chez le marchand dont l'adresse nous a été communiquée, nous demandons à acheter cinq euros. On aurait dit que le marchand savait qu'on allait venir lui demander cette somme qui est cédée à 730 DA. Nous avons une petite discussion avec lui ; il nous indique qu'il reçoit pratiquement tous les citoyens «envoyés» par la banque et qu'il est au courant de cette histoire de «monnaie». Nous décidons de satisfaire notre curiosité. Sur le chemin du retour vers la BEA, nous remarquons d'autres agences bancaires et nous voulons savoir comment elles font face à la situation. Nous franchissons la porte du CPA (Crédit populaire d'Algérie) et demandons à l'agent de sécurité où se trouve le bureau de change. Nous sommes orientés vers un guichet où se tient une femme. Nous attendons notre tour avec l'espoir de trouver de meilleures prestations en prenant en compte le bon comportement du personnel de l'agence CPA de Belouizdad où nous retirons nos salaires. C'est notre tour, nous présentons le passeport pour l'opération mais la dame nous répond que «la banque ne fait plus de change» et lorsque nous demandons des explications, elle répond : «Nous nous faisons plus de change parce que nous n'avons plus d'imprimés.» Encore une déception ! Cela ne peut que servir le marché parallèle qu'on semble combattre depuis quelque temps. Nous nous dirigeons vers la BNA (Banque nationale d'Algérie) où le fameux change est possible mais il faut passer par des exigences de rendez-vous et d'horaires ; il fallait au moins, selon le caissier, déposer les documents la matinée pour les récupérer l'après-midi ou le lendemain. Cette fois-ci, la discussion entamée avec le préposé et la profession (journaliste) qui apparaît sur notre passeport, nous ont permis d'effectuer, en une heure et 15 minutes, ce change, cette opération «miraculeuse». A noter qu'à midi, plusieurs guichets étaient déserts ; les clients attendaient le retour des employés partis pour déjeuner tout en sachant que les banques travaillent normalement de 9h à 15h30. On n'a qu'à prendre son mal en patience avec l'espoir de voir les choses changer un jour. Ce n'est qu'un exemple du calvaire de la bureaucratie que vit le citoyen quotidiennement ! Radia Zerrouki