Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, l'ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, est revenu sur sa rencontre avec l'instance de consultations présidée par Abdelkader Bensalah. Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, l'ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, est revenu sur sa rencontre avec l'instance de consultations présidée par Abdelkader Bensalah. Ces consultations ne sont pas crédibles, dit-il, parce qu'elles partent de l'idée que si ça ne marche pas parce que les lois ne sont pas bonnes et qu'il faut les changer. Il estime que le changement attendu ne dépend pas du changement des lois, celles-ci n'ont pas été appliquées. Il réfute l'idée selon laquelle si ça ne marche pas dans le pays, c'est parce que les lois sont mauvaises. Ainsi, donc, c'est parce que la Constitution ne serait pas bonne qu'il y a la corruption et ce serait parce que les lois sont mauvaises, qu'il y a le chômage et que les partis n'existent pas. Pour lui, le diagnostic est mal posé. Il fait observer que tout ce qui est proposé sous le chapitre des réformes, existe depuis 1989, le pouvoir, qui est toujours le même, avait changé la Constitution à la suite des événements d'octobre 1988. La loi sur les partis est venue en prolongement de cette Constitution, j'ai créé, dit-il, un parti conformément à la loi, approuvé par la loi, mais interdit de fait. Il pense que les autorités veulent interdire légalement ce qu'ils ont interdit jusque-là illégalement. Il souligne que les changements doivent reposer sur une analyse exacte. Il propose de revenir aux exigences de la population, c'est-à-dire des jeunes qui en sont l'écrasante majorité. Pourquoi empêche-t-on les gens de manifester, de s'associer ? interroge-t-il. Il rappelle que la devise de la république algérienne est «par le peuple et pour le peuple», mais ça n'a jamais été «par le peuple», insiste-t-il, en rappelant que dans sa déclaration, en tant que chef du gouvernement, il y a vingt ans, devant l'Assemblée populaire nationale, il avait affirmé que son gouvernement avait un handicap qui était de ne pas émaner du peuple. Pour Sid Ahmed Ghozali, le plus urgent est de combler le fossé de confiance qu'il y a entre les gouvernants et les gouvernés. Il est impossible de gouverner, dit-il, sans la participation du peuple. La vraie réconciliation n'est pas entre le peuple, parce qu'il n'y a jamais eu de guerre civile, mais entre le peuple et le pouvoir, soutient-il. La société humaine, explique-t-il, diffère d'une société animale par le fait qu'elle a une règle de jeu qui est le système institutionnel qu'il faut respecter et ceux qui fabriquent les lois doivent être les premiers à les respecter. L'ancien chef du gouvernement estime qu'il est exclu de la vie publique depuis 21 ans et depuis la mort de l'ex-président Boumediene, précise-t-il, «j'ai été exclu du système pendant 26 ans». Il appelle à un changement dans l'ordre, c'est-à-dire conçu, organisé, pour éviter le changement dans le désordre qui viendra de la rue et de l'étranger et qui emportera tout le monde, pas seulement le pouvoir. Il estime que notre pouvoir politique n'est pas bon et qu'il mène à la catastrophe. Depuis 1962 et surtout depuis la mort de Boumediene, le pays a des difficultés à entrer dans l'Etat de droit, constate-t-il. Enfin, à propos des femmes, il note que selon la Constitution, la femme est l'égale de l'homme, mais dans la réalité, c'est faux, dit-il. Lakhdar A.