La production nationale de la tomate industrielle connait aujourd'hui une certaine chute constatée récemment dans quelques conserveries de l'Est du pays. Suite à l'importation de ce produit de la Turquie, de la Chine et d'Italie, les agriculteurs algériens accusent fermement les conserveries d'avoir provoqué volontairement des pertes financières pour les récoltes, ont expliqué plusieurs agriculteurs rencontrés à Ben Azzouz et à El Taref. Les agriculteurs révoltés ont dénoncé les agissements des conservateurs qui avaient fait un gain facile sur le dos des pauvres fellahs de la région, tout en portant atteinte volontairement à la production nationale de la tomate. Des milliers de tonnes de double concentré de tomate ne trouvent pas acheteur. «Allez vérifier vous-même, nous révèle-t-on dans les marchés en ville. Vous trouverez des boîtes de tomate de marques inconnues auparavant et sans indication : ni prix, ni date de fabrication, ni adresse des producteurs.» Beaucoup de jeunes chômeurs, versés dans l'activité illégale, vendent à l'entrée du marché El Hattab à Annaba, des boites de tomate portant la marque mahbouba ou Fide presque périmées. «Certainement, avouent des gens du domaine, les plus grandes conserveries algériennes craignent réellement de perdre leur bonne position de leader national dans la production du double concentré de tomate. Ils importent le produit en transgressant toutes les lois commerciales !» A signaler que certains barons de l'importation de la tomate, possédant de grandes usines à Skikda, Ben M'hidi et à Taref, veulent toujours être très discrets dans leurs grosses opérations d'importation, particulièrement de la Turquie, de la Chine, de la Syrie et d'Espagne. Les analyses faites sur le double concentré de tomate importé de Chine, saisi au port d'Annaba, ont révélé qu'il s'agissait d'un mélange de colorant avec d'autres substances, a-t-on indiqué. Dans cette optique, il faut souligner que plusieurs marques de concentrés de tomate sont exposées dans le marché local et national au moment où plusieurs entreprises de la filière de transformation de la tomate, implantées dans l'Est algérien, bénéficient de crédits d'exploitation faramineux de la part des institutions de l'Etat afin de satisfaire une demande avoisinant les 70 000 tonnes par an. D'après certains gérants d'entreprises, l'importation du triple concentré a connu une hausse durant l'année précédente avec 50 000 tonnes/an, alors qu'elle était moins importante auparavant. Des patrons d'usines de transformation importent majoritairement de la Turquie, de la Tunisie et de la Chine. Celle-ci est l'un des plus grands fournisseurs pour le marché algérien. La filière de la tomate est d'ores et déjà en phase de renaître de ses cendres en Algérie grâce aux multiples programmes mis en place par le ministère de l'Agriculture et de Développement rural. Ce dernier révèle qu'un total de production de 6 459 904 quintaux de tomates maraîchères ont été cultivés l'année dernière, dont 1 999 533 quintaux de tomates sous serre. Cette grosse récolte fut enregistrée dans les wilayas de l'Est, à savoir Annaba, Guelma, El Taref et Skikda. Par ailleurs, il est à souligner que ce ministère accorde des soutiens dans le cadre du FNDIA pour l'acquisition des serres sous tunnel. En termes de chiffres officiels, la production des tomates industrielles récoltées sur une superficie globale de 11 699 ha était de l'ordre de 3 823 129 quintaux et de 120 242 tonnes pour la tomate fraîche transformée. A ce titre, il faut relever que les propriétaires des conserveries des wilayas productrices sus-citées avaient dernièrement avancé un bilan favorable : 440 000 tonnes de tomates industrielle et fraîche ont été réservées pour une transformation par 11 conserveries de cette région agricole avec un rendement moyen estimé à 320 quintaux/ha, soit 11 000 tonnes de tomates transformées par jour, a-t-on indiqué à la Direction des services agricoles de la wilaya d'Annaba. A noter que le ministère de l'Agriculture est en phase de réorganisation et de développement de ce créneau, et ce, dans le but de pouvoir assurer un bon rendement dans la filière à travers toutes les régions agricoles et encourager la nouvelle génération et surtout les nouveaux ingénieurs agronomes à s'orienter vers celle-ci. La conserverie Cab Benamor à Guelma, qui avait atteint une capacité de 3600 tonnes de tomates par jour, tout en développant également, grâce son expérience, d'autres unités de production de pâtes alimentaires et de semoule, est une réussite dans le secteur de l'agriculture dans notre pays.