Alors que le dossier des 13 conserveries fermées à l'est du pays est toujours en attente d'une décision politique pour son règlement, 3 banques publiques s'adonnent, sans relâche, au financement des importations du concentré de tomates. Des crédits faramineux sont accordés à certains conserveurs « privilégiés » qui importent de Chine, d'Egypte et de Turquie, au détriment d'une production locale complètement laminée. Un appareil productif riche de 13 unités de transformation et de milliers d'hectares de tomates ne cesse de revendiquer, depuis le début des années 2000, le concours des banques et des pouvoirs publics pour se remettre sur les rails. Cette industrie a été victime, dans les années 1990, d'une perte de change qui a entraîné un important préjudice sur le capital investissement injecté par les opérateurs. L'affaire de l'effacement des dettes des 13 conserveries de l'est du pays a été remise au frigo, paralysant, en amont, des milliers d'agriculteurs qui ne trouvent pas acheteurs de leurs tomates. Les quelques conserveurs qui activent encore dans la filière de la tomate industrielle préfèrent s'adonner à des opérations d'importation de concentré de tomates au détriment de l'achat du produit local. Les banques publiques, elles, ont décidé de financer à coups de millions de dollars les importations des conserveurs, se refusant à toute idée d'ouvrir des lignes de crédit en vue de permettre le redressement des 13 conserveries fermées. Décidément, il semble que l'objectif de lutter contre les importations « inutiles » n'est qu'un slogan. Selon des documents que nous détenons, l'une des banques publiques a financé en juin 2009, à hauteur de 2 230 055,92 dollars, une opération d'importation de concentré de tomates depuis la Chine, alors que durant cette période, le produit algérien périssait dans les champs. Durant le mois de mai dernier, les crédits en cours accordés par l'une des banques publiques au profit d'un seul opérateur ont atteint les 438 milliards de centimes, se référant à des documents de banque que nous détenons. Certaines de ces lignes de crédit sont mises à profit afin de financer les opérations d'importation de concentré de tomates, alors que durant ce même mois, la tomate algérienne arrivée à maturité cherchait encore acheteur. Résultat des courses : des milliers d'agriculteurs se trouvent pénalisés et plusieurs milliers d'emplois sont également perdus. La performance de l'industrie algérienne a été réduite à sa plus simple expression, puisque la production de la filière de tomate industrielle a chuté de 90 000 t à 15 000 t en 2009. Le chiffre d'affaires des conserveries algériennes tournait autour de 15 milliards de dinars avant de chuter, à compter de 2005, au profit des importateurs. Des dizaines de millions de dollars sont destinés à financer les importations de certains conserveurs, alors que plusieurs autres ne cessaient de réclamer des crédits de campagnes auprès des mêmes banques. Selon certains documents des banques publiques « impliquées » dans le soutien à l'importation du concentré de tomates, les crédits accordés aux conserveurs dépassent la valeur de 70 millions de dollars. Les quantités de concentré de tomates acheminées depuis la Chine, l'Egypte et la Turquie avoisinent les 80 000 t/an. Le gouvernement qui ne cesse de chanter dans tous les coins de rue la nécessité de revaloriser l'appareil productif national peine à statuer sur l'affaire des 13 conserveries fermées à l'est du pays qui ont nécessité chacune un investissement d'environ 200 milliards de centimes. Ces industries peuvent pourtant employer plus de 300 travailleurs directs et constituer des débouchés pour la production de 5000 agriculteurs. Pour cette année, les agriculteurs spécialisés dans la culture de la tomate émettent de sérieuses appréhensions. La tomate arrivée à maturation ne trouve pas encore d'acheteurs par manque de crédits de campagne capables de faire fonctionner à nouveau les 13 conserveries d'une capacité de production de 750 t/jour chacune. Certaines conserveries, qui existent sur le terrain, préfèrent s'orienter vers l'importation du concentré de tomates. Cette situation est générée par la monopolisation des crédits par une poignée de banques publiques.