«Les taux du chômage avancés ont été manipulés et la création de l'emploi est très cher chez nous», a affirmé l'expert international en économie Mebarek Malek Serrai lors du forum d'El Moudjahid, hier à Alger. Axée sur le monde du travail et les conditions liées à son évolution dans le pays, cette rencontre a vu la participation de Mohamed-Tahar Chaâlal, directeur général de l'Anem, M. Selman, représentant du secteur du bâtiment et des travaux publics, ainsi que celle du sous-directeur de la communication au niveau de la direction générale des impôts (DGI), Djamel Madjene. L'expert en économie a considéré qu'apporter des chiffres quant au taux de chômage est quasi impossible «puisqu'il existe des employeurs qui déclarent des personnes ayant travaillé seulement durant une semaine comme étant des salariés, ce qui fausse les statistiques», en faisant allusion au taux de 10% de chômage avancé en 2010. L'orateur a précisé que la société algérienne ne contribue pas à la disparition «du spectre du chômage». Le DG de l'Anem a assuré, pour sa part, que le taux avancé a été établi selon les normes du Bureau international du travail (BIT), «ce qui lui confère une certaine crédibilité». Cette rencontre a été l'occasion de mettre l'accent sur les problématiques rencontrées dans le monde de l'emploi. «Nous ne sommes pas là pour donner de l'argent mais pour en prêter aux jeunes demandeurs d'emploi», a expliqué Mohamed-Tahar Chaâlal en faisant référence au rôle des agences d'accompagnement (Ansej, Angem et Anem). Il a affirmé qu'investir dans les projets des jeunes rapporte bien, arguant que «le fonds national consacré aux jeunes au niveau recettes a été de 2 milliards de DA en 2010», précisant que jusqu'à 68% des jeunes placés se retrouvent dans le secteur économique public. Néanmoins, les responsables ont noté le manque flagrant de formation : «Près de 70% des demandeurs d'emploi ne sont pas qualifiés», souligne le DG de l'Anem. M. Selman a déclaré que la réalisation des 2 400 000 logements dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 pourra prendre un sérieux retard en raison de l'absence de main d'œuvre qualifiée. «Il s'agit d'une question de retard pris sur la formation et la prise en charge des compétences. Nous devrons malheureusement faire appel à une main d'œuvre étrangère, cela dès que le ministère du Travail nous donnera son accord», indique-t-il.