L'Algérie a fêté le 5 juillet 2011 ses 49 années d'indépendance politique. S'il faut éviter la sinistrose, car tout ce qui a été entrepris depuis l'indépendance politique n'a pas été totalement négatif, surtout après une décennie sanglante entre 1990 et 1999 où la demande sociale a été comprimée et l'économie à l'arrêt, il faut également éviter l'autosatisfaction source de névrose collective. Permettre un débat objectif et productif est l'objet de cette contribution. 7) Quelles perspectives pour l'Algérie après 49 ans d'indépendance politique ? L'Algérie ne saurait occulter les mutations mondiales, dont la nouvelle restructuration productive mondiale, la guerre récente des monnaies, aspirant adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et étant liée à un accord de libre-échange avec l'Europe, signé en toute souveraineté par le gouvernement algérien et applicable depuis le 1er septembre 2005 postulant un dégrèvement tarifaire progressif allant vers zéro à l'horizon 2017/2020 qui aura un impact sur le choix des projets futurs, les entreprises algériennes étant les plus fragiles du bassin méditerranéen. L'Algérie devrait méditer l'échec récent, en ce mois de juin 2011, des négociations pour le report du dégrèvement tarifaire en 2020. Trois ans suffiront-ils pour créer de véritables entreprises compétitives ? L'Algérie, en ce mois de juin 2011, est caractérisée premièrement par une aisance financière grâce aux hydrocarbures mais des avec incertitudes vis-à-vis de l'avenir. Deuxième caractéristique, un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre avec une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière. Troisièmement, devant cette prise de conscience d'inégalités favorisées par le nouveau système de communication et le printemps démocratique arabe, qui a montré l'importance de la corruption des dirigeants et leurs proches avec des fortunes colossales à l'étranger, une tendance à un suicide collectif, tout le monde voulant immédiatement sa part de la rente des hydrocarbures traduisant le divorce Etat-citoyens. Face à l'ébullition sociale qui touche tous les secteurs et toutes les régions du pays, nous assistons à des augmentations des salaires sans contreparties productives et face à 1'absence de morale et d'éthique, gouvernants et gouvernés vivent à crédit, avec 98 % d'exportations d'hydrocarbures et 75 % d'importation des besoins des ménages et des entreprises. ≤≤L'Algérie serait-elle à l'image du Titanic où tout le monde dansait alors que le bateau coulait ? Quelles sont donc les perspectives de l'Algérie ? Nous aurons trois hypothèses qui font jouer tant les acteurs internes qu'externes favorables ou défavorables aux réformes. La première hypothèse est l'échec du processus des réformes. Les conditions de l'échec sont réelles et réunies dans l'environnement juridique et économique en cas de manque de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale, accentué par les rentiers au niveau interne et certains segments d'acteurs externes entretenant des relations informelles et qui ne sont pas intéressés par l'approfondissement des réformes (perte des marchés en cas d'avis d'appel d'offres transparents). La deuxième hypothèse est le statu quo. Ce dernier participera à un échec programmé et serait suicidaire pour le devenir de l'économie et de la société algériennes. Cela est entretenu par la confusion de certains concepts assimilant faussement réformes à bradage du patrimoine national. La troisième hypothèse est la réussite de la réforme, contenue également dans l'environnement local et international de l'Algérie. Cela passe par une démystification culturelle, une étroite collaboration des partis politiques, des associations, des chambres de commerce, des universités, des centre de recherche, de la société civile, l'administration, dont les walis, des entreprises publiques et privées, des collectifs des travailleurs, des syndicats, en aplanissant par le dialogue et la concertation les divergences. Les réformes déplaçant les segments de pouvoir, notamment des tenants de la rente, doivent être assimilées par l'immense majorité de la population, d'où l'importance des médias, pour pouvoir être concrétisées, montrant que les gagnants de demain seront plus importants que les perdants d'aujourd'hui. Forte de l'appui des acteurs externes et la mobilisation des acteurs internes favorables et par une solidarité gouvernementale sans faille, animé par de véritables réformateurs, l'Algérie qui, en termes géostratégiques, est un élément indispensable à la stabilité euro-méditerranéenne et arabo-africaine, peut faire aboutir le processus des réformes inséparables d'une profonde démocratisation de la société et s'inscrire dans la modernité tout en préservant son authenticité. Le défi majeur donc entre 2011, 2020 et 2030, c'est-à-dire demain, est de préparer l'après-hydrocarbures pour les générations futures. En cette ère de la mondialisation impitoyable, impliquant de s'inscrire dans un grand espace économique qu'est le Maghreb, où toute nation qui n'avance pas recule, l'Algérie, recelant d'importantes potentialités, peut relever ces défis sous réserve d'une gouvernance renouvelée et d'une valorisation de l'entreprise et du savoir, fondements du développement du XXIe siècle. Il s'agira donc à l'avenir d'éviter les graves dérives et dangers de l'économie prédatrice et mafieuse afin qu'entre 2011 et 2020, l'Algérie puisse tripler le produit intérieur brut, dominance des segments hors rente, soit plus de 500 milliards de dollars à prix constants 2011, pour une population qui dépassera 50 millions sans hydrocarbures en 2030, si elle veut éviter de graves dérives sociales et politiques. Il y a urgence de profondes réformes à la fois politiques, économiques et sociales, le blocage étant d'ordre systémique impliquant une société où domine la norme du droit qui devrait reprendre sa place pour légitimer le véritable statut de la citoyenneté. Le passage de l'Etat de «soutien» à l'Etat de droit est, de mon point de vue, un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et politique entre la nation et l'Etat. (Suite et fin)