Le concept de vigilance dans un contexte de plein exercice des menaces asymétriques a certainement un contenu des plus flou. Quel contenu pour une définition d'une posture de veille sachant que c'est le mouvement terroriste qui détient le pouvoir d'initiative du fait qu'il évolue dans la clandestinité? Quelle vigilance pour ce qui concerne les populations et quelle vigilance à attendre des forces de sécurité? L'absence de débat sur les menaces, leur prévention et les parades, implique fatalement l'insuffisance des moyens d'y faire face en terme d'efficacité. Serait-il possible de maintenir de façon quasi permanente une posture de vigilance dans un contexte d'absence totale de discours officiels portant là, également en permanence, sur l'impérieuse nécessité de se mobiliser contre le terrorisme? Comment expliquer les vulnérabilités des dispositifs de sécurité mises à profit par le mouvement terroriste? Une vigilance anesthésiée par la durée de l'absence d'engagement contre le terrorisme sur le terrain de l'affrontement militaire? Une baisse de vigilance des forces de sécurité? Une baisse qui serait due à leur emploi dans la gestion répressive des manifestations et des émeutes? Quelle serait alors la part dans cette baisse des institutions civiles de l'Etat? Quelle serait plutôt la part des institutions de souveraineté qui sont impliquées au premier chef dans la sécurité publique? La lutte contre le terrorisme nécessite que celle-ci soit menée dans un contexte de mobilisation maximum de toutes les institutions et, en premier, le ministère de l'Intérieur qui est l'interface avec toutes les autres institutions et aussi avec les populations. Rappelons-nous des spots publicitaires des “ridjal wakifoun”. Pour ce qui concerne les populations, il leur a été demandé d'exercer une vigilance visuelle orientée vers le signalement des “sacs” suspects susceptibles de contenir des explosifs. Pour ce qui concerne les forces de sécurité, les instructions portant sur la vigilance ne sont pas rendues publiques. C'est bien la première fois qu'un ministre de l'Intérieur affirme que les derniers attentats sont dus à la baisse de vigilance des forces de sécurité. Des ministres qui l'ont précédé parlaient eux de dernier quart d'heure du terrorisme ou alors du choix qui reste aux terroristes entre se rendre ou se suicider, en annonçant que le terrorisme est un phénomène étranger à notre société.