La vaste entreprise que s'est fixée notre pays, la recherche d'un passé culturel, la passionnante, l'exaltante tâche de redécouverte et de rénovation n'écartent pas l'hypothèse des véritables découvertes. Découvertes en ce sens que de nobles figures des mondes scientifique et artistique, dont les valeurs furent étouffées pendant de nombreuses années ne sont connues actuellement que par quelques cercles, le plus souvent d'amis. Leur tâche est aujourd'hui de divulguer ce qu'ils savent. L'un de ceux-ci a voulu rendre un vibrant hommage au cheikh Abderrahmane Ben El-Haffâf... En effet, «la vie de Jésus fut, au témoignage d'Irénée, plus longtemps que ne le voulaient les esclaves d'une prophétie interprétée par eux arbitrairement. Le premier Père latin, en commentant un passage du seul Evangile qui porte authentiquement le nom de l'un des apôtres et de celui qui fut le plus cher à Jésus, déclare que le Christ a vécu près de cinquante ans. Il tenait cette tradition, fondée sur le texte, des révélations des disciplines de Jean, qu'il avait connus dans sa jeunesse». La présence de Jésus à Rome sous le règne de Claude, probablement en l'an 53, est attestée aussi par Suetone. D'après l'Evangile de Mathieu, Jésus était vivant après un fait historique précis. Autrement, on n'aurait pu recueillir de sa bouche les paroles suivantes adressées à ses compatriotes : «Afin que tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre retombe sur vous, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Bérachie, que vous avez tué entre le Temple et l'Autel». Or, ce meurtre eut lieu en l'an 67 de l'ère vulgaire. Peut-on, après la lecture de ces textes, soutenir que Jésus est mort à l'âge de 33 ans, crucifié ? «Ils disent : nous avons mis à mort le Messie, Jésus, fils de Marie, l'apôtre de Dieu. Non ! ils ne l'ont point tué, ils ne l'ont point crucifié, mais ils furent les dupes de la ressemblance du crucifié avec lui et ceux qui disputaient à ce sujet ont été eux-mêmes dans le doute. Ils ne l'ont point tué réellement. Dieu l'a élevé à lui.» Telle est la vérité sur la fin de Jésus, vérité que corroborent d'autres faits et documents historiques. Nous savons que Jésus avait le don de se rendre invisible, même au milieu de la multitude et de disparaître sans laisser de trace. Les Evangiles en fournissent plusieurs exemples. Rappelons-en deux. Après une prédication faite par Jésus à la synagogue de Nazareth, il fut chassé de la ville et conduit au haut d'une montagne pour être précipité dans le vide : «Mais Jésus passa au milieu d'eux, poursuivant son chemin, dit l'Evangile de Luc. Alors (enregistre l'Evangile de Jean) ils prirent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple (de Jérusalem) et ainsi il s'en alla». Voilà des précédents qui prouvent que, chaque fois que Jésus se trouvait en danger, Dieu le rendait invisible, afin que sa mission ne fût point interrompue. L'Ancien Testament nous fournit aussi un de ce genre. Le roi de Juda, Jehojakim, ordonna l'arrestation de celui-ci et de son secrétaire Barruch. Mais «l'Eternel les cacha». Ainsi qu'on le lira pour loin, si Mohammed n'avait pas été protégé par la puissance divine, il n'aurait jamais pu échapper aux conjurés mecquois. Comme Mohammed, Jésus avait annoncé la fin de sa mission ; ce qui prouve que cette fin fut tout autre que celle rapportée par les Evangiles. L'espace de trois ans, dans lequel on veut limiter sa mission, ne représente que le début de l'œuvre d'un Prophète législateur : «Je vous appelle mes amis, disait-il à ses disciples, parce je vous ai communiqué tout ce que j'ai appris de mon père». Et, attestant Dieu, il ajoutait : «Je vous ai glorifié sur la Terre ; j'ai achevé l'ouvrage dont vous m'avez chargé». Sans doute les quatre Evangiles orthodoxes sont d'accord pour affirmer que Jésus fut crucifié. Mais un point reste inexplicable dans celui de Jean. Et c'est ce point même qui nous démontre que c'est Judas qui fut arrêté et crucifié : «Jésus, s'adressant aux hommes armés leur dit : que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : nous cherchons Jésus de Nazareth. Je le suis, répondit Jésus. A ce mot, ils furent frappés comme d'un coup de foudre et tombèrent à la renverse». «Quand Jésus le permet, affirme Saint Ambroise, ses ennemis s'emparent de lui ; mais il n'a aussi qu'à vouloir pour se soustraire à leur fureur. Quand il le veut, on peut l'attacher à la croix, mais un seul acte de volonté suffit pour paralyser une légion d'ennemi, au point que pas un seul ne pourra mettre la main sur lui». Pourquoi Jésus n'aurait-il pas usé de ce pouvoir quand il s'est agi de son arrestation par des gardes fanatisés ? C'est précisément, et tout porte à le penser, après le renversement des gardes que Jésus a exercé le don qui le rendait invisible, et c'est alors que se produisit la substitution de Judas à Jésus. (A suivre)