C'est avec stupéfaction que les habitants de la planète terre découvrent que les Etats des pays les plus puissants sont surendettés et que cet endettement menace la stabilité des finances et de l'économie mondiale. En général, l'opinion publique internationale est surtout habituée, et depuis longtemps, à voir des crashs boursiers et des faillites en série de grandes banques entraînant de graves récessions économiques. Mais que des Etats soient responsables d'une crise économique majeure, il y a de quoi inquiéter plus d'un. Depuis quelques semaines, la problématique de la dette publique américaine inquiète les milieux financiers. Et malgré l'accord entre Républicains et Démocrates pour relever le plafond de cette lourde dette qui avoisine les 100% du PIB des USA, la situation de l'économie mondiale n'a cessé de se détériorer. Une détérioration accentuée par la dégradation de la notation de l'économie américaine de AAA à AA+ par l'agence Standard and Poor's. La crise de l'endettement publique se propagera rapidement en Europe. Après l'effondrement financier de l'Irlande, qualifiée il n'y a pas très longtemps de tigre de l'Europe en raison de sa forte croissance économique, et la déclaration de faillite financière de l'Etat grec, voilà que la crise rattrape l'Espagne et l'Italie. L'Europe est en crise. Quatre pays membres de l'Union européenne que sont la Grèce, l'Italie, l'Irlande et l'Islande ont une dette publique qui dépasse les 100% de leur PIB. Quatre autres et non des moindres, la France, la Grande-Bretagne, le Portugal et la Belgique ont une dette qui dépasse 80% de leur PIB. Ayant une dette publique dépassant les 1 640 milliards d'euros représentant 88% de son produit intérieur brut (PIB), la France veut lancer un nouvel emprunt. L'Agence France Trésor (AFT), qui gère la dette de la France, procèdera à l'adjudication de bons du Trésor à taux fixe sur une période allant de 13 à 50 semaines. Montant de cet emprunt : 08 milliards d'euros avec un taux d'intérêt avoisinant le 1%. L'Algérie est-elle intéressée par l'achat des bons du trésor français ? Si certains avancent le montant de 60 milliards de dollars des réserves de change de l'Algérie placés en bons du trésor américain, personne ne sait, en dehors de ceux qui gèrent ces fonds au niveau de la Banque d'Algérie, quels sont les montants placés en bons du trésor de certains pays européens. Selon les données disponibles, près de 40% des réserves de change de l'Algérie sont libellés en dollar américain. Ce qui représente 69 milliards de dollars, tandis que 55% le sont en euros, soit 96 milliards de dollars représentant l'équivalent de 68 milliards d'euros. Et il n'est pas à exclure qu'une part importante de ces réserves en euros sont placés en bons du trésor européens. Les responsables algériens ont choisi l'option de placer une part importante des réserves de change en bons du Trésor, qu'ils soient américains ou européens, en raison du fait qu'ils sont considérés parmi les investissements les plus sûrs au monde. Contrairement à l'Algérie, les riches pays du Golfe ont déposé leur argent dans des fonds d'investissement. Des fonds qui procèdent à des achats d'actions dans de grandes entreprises internationales, dans des banques et dans l'immobilier. Des placements jugés risqués dans le cas de crash boursier ou effondrement de l'immobilier à l'exemple de la dernière crise des subprimes. Donc, le gouvernement algérien n'aime pas prendre de risques et préfère placer l'argent des réserves de change dans l'achat de bons du trésor des Etats même si leur rentabilité est parfois moindre. Autre argument, l'Algérie opère ses placements dans les pays avec lesquels elle a d'importantes relations économiques et commerciales. Au premier semestre de 2011, les Etats-Unis restent et de loin, le premier client de l'Algérie avec plus de 8,29 milliards de dollars. En Europe, quatre pays que sont l'Italie, l'Espagne, la France et les Pays-Bas ont importé de l'Algérie durant la même période pour un montant avoisinant les 14 milliards de dollars. Par ailleurs, les trois plus importants clients de l'Algérie que sont les Etats-Unis, l'Espagne et l'Italie traversent ces derniers temps une grave crise économique liée à l'endettement public et à une faible croissance économique. Ces pays importent surtout du pétrole et du gaz naturel algériens. Et parmi les premières conséquences de cette crise, une baisse de la croissance entraînant une faiblesse de la demande sur les hydrocarbures. Ce qui fera baisser les prix du pétrole en particulier et des matières premières en général, sur les marchés mondiaux. Les lourdes dettes publiques des Etats-Unis et de l'Europe vont entraîner une baisse de la valeur du dollar et de l'euro face aux autres monnaies. Pour faire face à cette situation, l'Algérie devrait réorganiser et discipliner son commerce extérieur pour limiter un probable déficit de la balance commerciale et des paiements dans le cas de l'aggravation de la crise. Rationaliser aussi ses dépenses budgétaires et surtout mettre en avant d'audacieux projets de diversification de l'économie du pays pour sortir définitivement de cette dangereuse dépendance d'une seule richesse, celle des hydrocarbures.