Pour frapper l'opinion publique, les familles des 17 marins algériens pris en otages par des pirates somaliens depuis janvier dernier ont investi de nouveau la rue. Hier et pour la deuxième fois consécutive au cours de cette semaine, ils ont observé un rassemblement à la place des martyrs à Alger pour exiger «la libération de leurs proches». Rappelons que dimanche dernier, une information faisant état du décès de l'un des marins en question et que le ministère des Affaires étrangères (MAE) a démentie, a provoqué une grande panique chez ces familles qui ont affiché leur colère lors du dernier sit-in organisé devant la Grande Poste. Hier, une forte mobilisation citoyenne a adhéré à ce mouvement de protestation. Pour mener le combat jusqu'au bout, les familles ont décidé d'observer deux sit-in chaque semaine durant ce mois du ramadhan, et qui auront lieu dans les grandes places publiques de la capitale. «On en a marre de leurs communiqués (les pouvoirs publics), on veut des preuves concrètes», clame Mme Ben Kaci, sœur de l'un des otages. «Quelle est la preuve qu'ils sont tous ‘'sains et saufs'' ? on veut leurs parler, on veut entendre leurs voix pour être rassurés vraiment», enchaîne Faouizi Aït Ramdhane, qui n'a pas vu son père depuis 14 mois (6 mois de travail et 8 mois de captivité). «On a fait déjà confiance à l'affréteur, au DG de IBC et au ministère des Affaires étrangères qui nous tous promis de régler cette question. Mais ils nous ont tous trahis, on ne fait plus confiance à personne», ajoute-t-il. «Ils (les pouvoirs publics) sont en train de jouer avec nos sentiments, ils se moquent de nous. Ça fait huit mois qu'on est dans rue !», regrette Mme Hanouche, épouse de Nafaâ Hanouche, ingénieur en mécanique qui est parmi l'équipage du vraquier MV Blida. Faisant le point sur le démenti du MAE, les membres des familles des marins ont montré leurmécontentement et insatisfaction vis-à-vis de ce démenti. «A chaque fois qu'on organise une action de protestation, les autorités publient des communiqués et des démentis», crie Leila dont le frère est entre les mains des ravisseurs en Somalie. «Huit mois de détention, de dépression et de misère, c'est bon !», ajoute-t-elle. S'exprimant sur le mutisme de l'ENTV à l'égard de cette affaire, les protestataires n'ont pas manqué d'afficher leur déception de cette «pauvre unique». «Où est notre télévision, pourquoi ne couvre-t-elle pas nos actions ?», réclame Achour Abderrahmane, représentant de ces familles. «Des chaînes étrangères et des titres de la presse internationale sont venues nous couvrir et notre télévision continue à nous ignorer», précise-t-il. Contacté par nos soins, le directeur général de l'International Bulk Carriers (IBC), (armateur du navire MV Blida), Nacereddine Mansouri, nous a indiqué hier que «nos précisions sont claires et fiables. On a démenti le décès d'un marin et nous tenons à notre déclaration». «D'où ces familles ont-elles ramené cette information ? La seule partie qui en contact direct avec les marins est l'affréteur qui nous a assuré que les 17 marins en question sont vivants», dit-il. «Elles (les familles) nous ont demandé de parler à leurs proches et nous avons transmis cette demande à l'affréteur qui l'a transmise à son tour aux ravisseurs, comme on l'a déjà fait le 9 juillet dernier. Ils auront le contact avec les siens dans les prochains jours», promet-il. Sollicité pour préciser le temps que ces familles doivent attendre encore pour entendre la voix de leurs proches, Mansouri nous dira que « seuls les pirates maîtrisent le temps. Nous, on n'a qu'à attendre». A titre de rappel, le vraquier battant pavillon algérien, MV Blida, a été victime d'un acte de piraterie en haute mer, le 1er janvier 2011, alors qu'il se dirigeait vers le port de Mombasa au Kenya.