La rentrée sociale risque d'être chaude à la société mixte algéro-indienne ArcelorMittal Annaba. C'est ce qu'a annoncé Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise. C'était ce dernier dimanche, quelques heures avant son départ sur Alger pour des consultations sur des questions socioprofessionnelles d'actualité avec Abdelmadjid Sidi-Saïd le patron de la centrale syndicale UGTA. «La relance de la production s'impose. Mais ça doit être une relance par la mise en route rapide du plan d'investissement. Nous n'avons plus le droit à l'attentisme qui actuellement fait grincer les dents des travailleurs», a-t-il estimé en précisant que la sidérurgie algérienne en a bien besoin. Sera-t-il écouté par Vincent le Gouic, le directeur général ArcelorMittal Annaba qui sera de retour de France le 28 août prochain après son congé annuel ? «L'heure ne doit plus être aux reculades. Il faut investir et cela doit être fait immédiatement !» Sur le mode incantatoire d'un appel maintes fois réitéré, Smaïl Kouadria en appelle à ses pairs de la centrale syndicale UGTA. Cet appel est également, et surtout, adressé aux pouvoirs publics à la veille d'une réunion prévue à Alger pour la 2e quinzaine du mois de septembre 2011. Elle réunira le ministère de l'industrie, de la promotion des investissements et des PME, le directeur général de la société ArcelorMittal Annaba, les responsables de la Société de gestion des participations Transolb et les cadres dirigeants du groupe Sider propriétaire de 30% du capital social de la société en question. Il s'agit d'un nouveau round de négociations sur les perspectives qu'offre la reconduite de l'accord de partenariat dix années après l'arrivée en Algérie, le 18 octobre 2001, du franco-indien ArcelorMittal. Le plan d'investissement en est le nœud gordien. Et si du côté des dirigeants du groupe Sider l'on préfère voir venir Smaïl Kouadria, bien au fait de l'ensemble des aspects de ce dossier, celui-ci parle quant à lui de «chiffres dont la faiblesse est éloquente ces dix dernières années en matière d'investissement dans la réhabilitation de l'outil de production clé de l'avenir. Si l'on compare les investissements des sociétés du groupe franco-indien à travers le monde, en Algérie, ces chiffres sont au niveau presque zéro. Pour les 5300 cadres et travailleurs, la plupart expérimentés, que compte la société, notamment au complexe sidérurgique El Hadjar, il y a urgence dans la mise en place de machines outils plus performantes. «Le verdict des chiffres de de production pour 2011 sont bien moins enthousiasmants que ceux planifiés en début d'année», se plaît-on à répéter à travers la multitude d'unités de production y compris le haut fourneau, poumon de l'activité sidérurgique. Les pronostics des spécialistes pour cette fin 2011 sont peu rassurants. «Les blablas et palabres qui se poursuivent dans les bureaux calfeutrés que ce soit à Alger, à Annaba ou au Luxembourg sur le dossier des investissements au complexe sidérurgique El Hadjar ne laissent pas présager une modification de cette tendance à la baisse de production de notre complexe», avance avec fatalisme le remuant secrétaire général du syndicat de l'entreprise. Selon lui, le plan d'investissement d'un montant de 500 millions d'euros soumis au gouvernement courant 2011 par la direction générale ArcelorMittal serait la panacée aux problèmes de production. Ce plan devrait préalablement faire l'objet de l'approbation des membres de l'assemblée générale des actionnaires d'ArcelorMittal Annaba. Elle est prévue au lendemain du retour de Vincent le Gouïc à Annaba début septembre. Il comporte deux phases. La première concerne la zone fonte, notamment le haut fourneau, et la PMA agglomération ainsi que l'installation d'une nouvelle cokerie. La 2e phase portera sur la mise en place d'un module de réduction directe. Toutes ces opérations auxquelles s'ajoutera une meilleure maîtrise des aspects socioprofessionnels à laquelle se sont attelés la direction générale et le syndicat d'entreprise, permettront d'améliorer à la fois les opportunités de création de l'emploi et la compétitivité de la sidérurgie algérienne. C'est pourquoi les travailleurs n'arrivent pas à trouver une explication quelconque aux reculades quant à la mise en route du plan d'investissement pour la réhabilitation des installations productives. Cependant, toutes ces bonnes intentions et dispositions ne pourront pas éviter au complexe sidérurgique un taux de production d'acier de quelque 300.000 tonnes. En effet, pour 2011, la direction générale avait prévu d'atteindre plus d'un million de tonnes. Cet objectif a été revu à la baisse au regard de la multitude de problèmes techniques et socioprofessionnels qui ont surgi au fil des mois et des arrêts de travail. Aujourd'hui, il est question d'atteindre 800.000 tonnes d'acier seulement à la fin de cette année. D'où l'inévitable polémique sur la réalité de la reprise des investissements au complexe sidérurgique dont la majorité des installations de production ont été rarement revues pour être réhabilitées ou modernisées. «De toute façon, nous sommes bien loin à la fois des objectifs tracés en 2010 qui étaient à un peu plus de 10% d'augmentation de notre production et des performances réalisées par notre groupe dans ses différentes sociétés à travers le monde. C'est pourquoi j'insiste pour dire que le plan d'investissement doit être rapidement mis en route», fait remarquer Smaïl Kouadria.