Avec la décision de Smaïn Kouadria de reprendre ses activités à son poste de secrétaire général du conseil syndical à la demande de plus de 5000 travailleurs, ArcelorMittal est de nouveau sous les feux de la rampe. Il le sera davantage dans les prochains jours avec la conférence de presse que Vincent le Gouïc, directeur général ArcelorMittal, envisage d'animer. Il le sera aussi avec les enquêtes que se préparent à lancer les éléments de la brigade judiciaire de la Gendarmerie nationale de Annaba. La découverte des graffitis inscrits sur les murs d'Annaba portant atteinte à la dignité de Kouadria Smaïn relance ce qu'il est convenu d'appeler «l'affaire ArcelorMittal El-Hadjar». Le retour de ce dernier à la tête du conseil syndical est considéré comme étant la préparation d'une contre-offensive. Elle sera menée contre Aïssa Menadi, l'ancien SG du syndicat, accusé d'être le principal instigateur de l'opération graffitis. Des déclarations inouïes ont été faites ces dernières quarante-huit heures. Il pourrait s'agir d'un simple rideau de fumée de la part des manipulateurs pour masquer les détournements, les vols, le blanchiment et autres dilapidations du fonds social des travailleurs depuis 2001. Ce dont semble être conscient Smaïn Kouadria. Ces déclarations conduisent à s'interroger sur l'implication des anciens cadres dirigeants indiens qui s'étaient succédé à la tête de la société Ispat devenue Mittal Steel puis ArcelorMittal. Elles conduisent aux multiples enquêtes judiciaires diligentées par la Gendarmerie nationale d'Annaba. Il est question d'intérêts personnels des précédents cadres dirigeants indiens et de Aïssa Menadi dans des sociétés privées en rapport avec les approvisionnements d'ArcelorMittal complexe sidérurgique et pipe. «Si pour la GSW, je ne peux pas me prononcer sur ce qui est réellement passé si ce n'est pour dire que les responsables de cette société ne sont plus en Algérie, il y a par contre cette affaire des déchets ferreux. Dans ce dossier où est cité M. Fellah, notre société est effectivement victime d'un important préjudice financier. Maintenant si M. Kouadria parle d'autres dossiers, qu'il les livre», a indiqué Vincent Le Gouïc lors d'une rencontre informelle au siège de la wilaya le 5 juillet. Pour cette affaire de déchets ferreux, trafic d'influence, faux et usage de faux, fraude fiscale, Hassen Fellah avait été condamné il y a quelques mois en 1re instance par la cour criminelle de Annaba à 10 ans de prison ferme. Dans les prochaines semaines, il devra répondre à la barre des accusés du pôle judiciaire de Constantine, spécialisé dans les dossiers de blanchiment, de différents actes. Ces dossiers sont étroitement liés avec celui des déchets ferreux. Déçu de voir que les promesses de libération qui lui avait été faites n'aient pas été tenues, Hassen Fellah risque de perdre patience et de livrer la longue liste de ceux qui ont bénéficié dans de douteuses conditions de ces largesses financières. Entre autres noms, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le patron de la centrale syndicale UGTA, et le SG de l'UW d'Annaba, Aïssa Menadi. Il y a aussi les autres, ceux qui avaient blanchi de l'argent en le passant illégalement en Tunisie, France et Maroc. Cette affaire figurerait dans les dossiers noirs entre les mains de Smaïn Kouadria. La brigade judiciaire de la Gendarmerie nationale n'a pas attendu les révélations de ce dernier. Elle se prépare à lancer d'autres enquêtes judiciaires sur la comptabilité d'ArcelorMittal, du Comité de participation et du financement occulte de l'USM Annaba sous la présidence de Menadi. Rappelons que c'est cette même brigade qui est à l'origine de la découverte du scandale des œuvres sociales d'ArcelorMittal El-Hadjar. Leurs investigations avaient débouché sur l'interpellation de plusieurs syndicalistes proches de Aïssa Menadi et membres du Comité de participation des travailleurs. Selon l'arrêt de renvoi, le fonds des œuvres sociales avait été mis en coupe réglée par ce que d'aucuns qualifient d'animateurs du «grand banditisme» à ArcelorMittal. Ce dossier comme ceux des déchets ferreux et des fraudes fiscales avaient été révélés par des travailleurs à l'instigation du conseil syndical ArcelorMittal sous la conduite de Smaïn Kouadria.