Le conte maghrébin est revisité par l'auteur Mourad Djebel à travers son ouvrage intitulé «Conte des trois rives», publié dernièrement par les éditions Barzakh. Le poète et écrivain Mourad Djebel se réapproprie le vaste patrimone oral et écrit du conte maghrébin. Il défriche avec audace un pan de notre patrimoine avec en prime une incursion dans notre imaginaire. Dans les quatre contes à l'honneur dont «wadâa ou l'exil des sept frères», «Weldja ou l'errance», «Loundja bent el ghoula» et «Bûcherons», l'auteur invite le lecteur à retrouver avec beaucoup de bonheur tous ces personnages qui ont habité notre enfance, révolue à jamais. Dans la préface, signée par le poète Mourad Djebel, il est stipulé que tout conte est intimement lié à une voix que ressuscite en nous. «Je me souviens celle de ma mère, à peine comptais-je, en ce temps-là les années de ma vie sur les doigts d'une seule main qui dans la nuit se transformait, se délestait de sa «quotidienneté», chargée d'une parole différente, se rehaussait d'une touche autrement plus précieuse» ; sa voix le transportait souvent loin de son lit, plus exactement vers des rives nouvelles. L'auteur est convaincu que le conte est une affaire avant tout de femmes et une affaire de nuit. L'auteur se souvient de sa première rencontre avec Shéhérazade des Mille et une nuits. Dès les premières pages, c'était l'émerveillement assuré. «Si les Mille et une nuits », toutes versions confondues et dans les deux langues : l'arabe et le français, sont devenues une de mes références en matière de conte et plus largement en littérature, c'était grâce à l'effet qu'elles produisaient, ces nuits sur moi, adolescent. A chaque fois que j'ouvrais le livre, des horizons s'élargissaient jusqu'à englober le monde ou du moins certaines de ses vaste parties». En achevant l'écriture de ces contes, l'auteur a réalisé que son travail a consisté en partie à naviguer simultanément entre trois niveaux de traduction. «De l'oralité à l'écriture. D'une langue véhiculaire à une autre : de l'arabe dialectal au français. Puis d'une langue commune à ma propre langue particulière, à mon propre patois d'écrivain ; il n'en demeure pas moins que ces quatre contes empruntés à la tradition orale ont appelé ma touche sensible à s'exprimer pleinement et sans restriction. Aussi, sont-ils devenus, en ce qui me concerne, avant tout le lieu où convergent mes trois rives». Il est à noter que Mourad Djebel est né en Algérie en 1967. En 1994, il décide de s'installer en Afrique de l'Ouest avant de se rendre en France où il réside actuellement. Il se consacre exclusivement à l'écriture. Il est l'auteur de deux romans remarqu»s «Les sens interdits» (La différence, 2001, Bezakh 2009) et «les cinq et une nuits de Shahrazede» (La différence, 2005).